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Violences sexuelles

La famille de l’abbé Pierre connaissait sa sexualité «problématique» : «Ma mère lui disait de faire une psychanalyse»

Affaire Abbé Pierredossier
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Le neveu de l’abbé Pierre a témoigné pour la première fois ce lundi 7 octobre sur France Bleu Isère. Il affirme cependant que sa famille ignorait les agressions sexuelles dénoncées par une vingtaine de femmes contre son oncle.
L'abbé Pierre, le 3 novembre 1984. (Patrick Aventurier/GAMMA-RAPHO)
publié le 7 octobre 2024 à 9h34

Dans une interview à France Bleu Isère ce lundi 7 octobre, le neveu de l’Abbé Pierre jette une lumière crue sur le silence autour de la sexualité de son oncle, une sexualité «problématique» connue de tous dans la famille. «Ma mère Anne-Marie, sa sœur, elle s’était énormément engueulée avec lui sur le sujet, raconte Guy Tuscher, 71 ans. Elle savait très bien que le célibat, pour lui, c’était quelque chose d’insupportable. En fait, elle lui en a énormément voulu quand il est devenu prêtre parce qu’elle savait que ça ne correspondait pas à ce qu’il était. […] Ma mère lui disait de faire une psychanalyse pour régler ses problèmes, mais il n’a jamais voulu.»

«Processus de guérison»

Il affirme cependant que sa famille ignorait les agressions sexuelles dénoncées par 24 femmes à l’encontre de l’abbé Pierre, des femmes qui «doivent parler pour qu’un processus de guérison se mette en place et pour mettre loin d’elles ce qu’elles ont vécu avec lui». L’homme de 71 ans, ancien élu à la ville de Grenoble, porte ce jugement : «En fait, sans le mouvement MeToo, qui les aurait crues ? En même temps, tout le monde savait qu’il y avait un problème, l’Eglise, l’Etat, qui n’a pas voulu lui remettre la Légion d’honneur, et même Emmaüs, qui n’avait pas intérêt à l’époque à ce que cela se sache.»

Le 16 septembre, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort, confirmait dans une tribune au Monde que plusieurs dirigeants de l’Eglise catholique française étaient au courant de ces agissements. «Il est désormais établi que, dès 1955-1957, quelques évêques au moins ont su que l’abbé Pierre avait un comportement grave à l’égard des femmes», souligne le président de la CEF. Selon des archives consultées par Libération, le Vatican savait depuis au moins 1959 et avait tenté d’empêcher le prélat de se rendre au Canada après des signalements des évêques de ce pays.