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Libération
Reportage

«Mashallah la Sainte Tunique» : à Argenteuil, l’étoffe sacrée fait jubiler

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De ce vendredi 18 avril au 11 mai, près de 400 000 pèlerins sont attendus dans la sous-préfecture du Val-d’Oise pour se recueillir devant la relique catholique. Même si son port par Jésus lui-même reste sujet à caution.
La restauratrice française Claire Beugnot (au centre) déballe la Sainte Tunique, à Argenteuil, le mercredi 16 avril 2025. (Thibaud Moritz/AFP)
par Sidonie Davenel
publié le 18 avril 2025 à 5h49

«400 000 personnes, sérieux ?» Au-dessus d’une épaisse moustache noire, les yeux d’Atteq se mettent subitement à briller. Enfoncé derrière le comptoir de son échoppe, il extirpe d’entre deux tas de goodies une feuille estampillée «Mairie d’Argenteuil». A ses yeux, une liste de contraintes, qu’un agent du maire a déposée il y a quelques semaines dans sa boutique. «Circulation interdite rue de Calais, du vendredi 18 avril au dimanche 11 mai, de 9 heures à 23h30», peut-on notamment y lire. Si le commerçant était bien au courant que sa ville allait accueillir, à l’occasion du Jubilé 2025 – une année sainte de l’Eglise catholique décrétée par le pape –, un nombre important de visiteurs, il ne mesurait pas l’ampleur de l’événement. En effet, la sous-préfecture du Val-d’Oise (107 000 habitants) va drainer, durant trois semaines, des centaines de milliers de visiteurs, mobilisant pas moins de 200 policiers chaque jour. Tout frétillant, Atteq hèle son fils qui passe par là : «Il faut absolument qu’on sorte tout notre stock de petites tours Eiffel, ça pourrait plaire aux pèlerins.»

A quelques pas de là, les 22 fragments de la Sainte Tunique roupillent dans le reliquaire ceint d’ivoire de la basilique Saint-Denys, située à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Paris