Les évêques attendaient une interpellation forte, ils n’ont pas été déçus. «Il y a un cri de douleur qui résonne plus que tout autre et qui transforme la Mare nostrum en Mare mortum. La Méditerranée, berceau de la civilisation, devient tombeau de la dignité. Ce sont les cris étouffés des frères et sœurs migrants», a dénoncé samedi 23 septembre le pape François, au deuxième jour de sa visite à Marseille devant Emmanuel Macron et un petit paquet de membres du gouvernement.
Le chef de l’Eglise et le chef de l’Etat se sont ensuite entretenus, notamment sur les questions migratoires. «La France n’a pas à rougir, c’est un pays d’accueil et d’intégration», a fait valoir Emmanuel Macron, selon un communiqué de l’Elysée publié dans l’après-midi. Sur la fin de vie, le Président a présenté au pape le «calendrier» et la «méthodologie» du projet de loi attendu sur ce deuxième sujet «dans les prochaines semaines», selon la présidence, bien qu’il ne soit «pas entré dans le détail du contenu ni même des équilibres du texte».
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La solidarité européenne est mise à l’épreuve après l’arrivée de milliers de migrants sur l’île de Lampedusa. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a ainsi assuré que la France «n’accueillera pas de migrants» venus de l’île italienne.
Vendredi, déjà, le souverain pontife avait fustigé «l’indifférence» et la «peur» dans une Europe tentée par le repli face aux migrants. Samedi matin, il s’est d’abord rendu dans l’un des quartiers populaires de Marseille pour rencontrer des personnes en situation de précarité avant de prononcer son discours de clôture des Rencontres méditerranéennes au Palais du Pharo.
Le souverain pontife n’a pas cillé et réclamé une «responsabilité européenne» face à la crise des migrants. «Le phénomène migratoire n’est pas tant une urgence momentanée, toujours bonne à susciter une propagande alarmiste, mais un fait de notre temps, a-t-il affirmé. «Deux mots ont résonné, alimentant la peur des gens : invasion et urgence. Mais ceux qui risquent leur vie en mer n’envahissent pas, ils cherchent hospitalité» et ils «ne doivent pas être considérés comme un fardeau à porter», a ajouté le pape, regrettant que «plusieurs ports méditerranéens» se soient fermés.
Mise à jour : à 16 h 32, avec l’ajout de la déclaration de l’Elysée sur le contenu de l’entrevu entre Emmanuel Macron et le pape François.