Un véritable maître d’œuvre. Casque de chantier vissé sur le crâne et chaussures de sécurité aux pieds, Emmanuel Macron est grimpé au sommet de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris fraîchement installée, un fier sourire au visage. A un an de la réouverture du monument, le Président de la République s’est félicité : «Nous tenons les délais, a-t-il lancé dans la nef de la cathédrale. C’est une formidable image d’espérance et d’une France qui sait rebâtir.»
En visite pour s’assurer de la bonne tenue du calendrier ambitieux de reconstruction de l’édifice, qui doit rouvrir le 8 décembre 2024, le chef de l’Etat a évoqué «un moment à la fois important et émouvant» qui témoigne de «l’avancée» de «ce chantier qui paraissait impossible». Symboliquement, Emmanuel Macron a donné le dernier coup de burin à l’inscription, dans le bois de la flèche, du nom de «son général», Jean-Louis Georgelin, qu’il avait initialement chargé de mener à bien ce chantier titanesque et qui est décédé l’été dernier. «Le général était connu et aimé sur ce chantier et on sait ce qu’on lui doit», a glissé son successeur Philippe Jost.
La question avait agité les amoureux du patrimoine : fallait-il reconstruire l’œuvre d’Eugène Viollet-le-Duc, la cathédrale à l’identique après sa destruction partielle causée par un incendie ravageur en 2019 ? Oui, avait-il été tranché. Mais l’archevêque de Paris, Monseigneur Laurent Ulrich, avait, dans une lettre adressée à l’Elysée, confirmé son «souhait» de voir l’Etat commander «une série de six vitraux pour les chapelles latérales sud de la nef».
Porter «la marque du XXIe siècle»
«J’y souscris pleinement», a répondu vendredi Emmanuel Macron, soulignant qu’il s’agirait de porter «la marque du XXIe siècle» dans ce joyau d’art gothique. C’est donc en grande pompe qu’il a annoncé le lancement d’un concours pour la réalisation de «six vitraux» contemporains.
«C’est avec mon plein accord que nous allons lancer un concours qui permettra aux artistes contemporains de soumettre, sur la base d’une commande qui va être passée, une œuvre figurative», a-t-il ajouté. «Le siècle qui est le nôtre aura sa place au milieu de plusieurs autres qui figurent dans les œuvres de cette cathédrale.» Ces nouveaux vitraux remplaceront ainsi des œuvres de Viollet-le-Duc, qui seront conservées et exposées dans un nouveau musée, «le musée de l’œuvre de Notre-Dame».
Celui-ci prendra quartier dans «les locaux de l’Hôtel-Dieu» à deux pas de l’île de la Cité. Ce sera «à la fois un musée d’histoire, un musée d’art, un musée qui va aussi décrire le chantier permanent de Notre-Dame de Paris», enchaîne le Président. Ce sera donc dans ce nouveau musée que seront déposés les anciens vitraux, contemporains de Viollet-le-Duc aux côtés du coq tombé en avril 2019 dans l’effondrement de la flèche.
Réinstallée, la nouvelle flèche doit à présent être couverte de plomb, comme le toit. Un choix qui continue de créer la polémique. La sénatrice écologiste Anne Souyris, ex-adjointe à la Santé de la maire de Paris Anne Hidalgo, a appelé mardi sur le réseau social X à «suspendre le chantier le temps qu’une autorité sanitaire se prononce sur les risques de ses plus de 400 tonnes de plomb».
«C’est une bonne décision», «prenant en compte les contraintes sanitaires mais aussi sur le plan architectural» en raison de sa «cohérence», a défendu ce vendredi Emmanuel Macron, assurant que le préfet de région Ile-de-France avait «mené les études lui-même».