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Interview

Nonna Mayer, chercheuse en science politique : «De la critique d’Israël, on passe à la mise au ban des juifs»

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La directrice de recherche émérite au CNRS analyse la flambée de l’antisémitisme en France, alors que les actes antijuifs avaient presque disparu dans les années 1990.

Une étoile de David taguée sur un bâtiment de Vincennes (Val-de-Marne), le 7 janvier 2025. (Denis Allard/Libération)
ParBernadette Sauvaget
Journaliste - Société
Publié le 06/10/2025 à 11h06

Depuis deux ans, l’antisémitisme a atteint un niveau exceptionnel en France, porté par la polarisation extrême autour du conflit israélo-palestinien. Si les préjugés racistes tendent globalement à reculer, les crises au Proche-Orient déclenchent régulièrement des vagues d’actes antisémites. Chercheuse en science politique, spécialiste des questions liées à l’antisémitisme, Nonna Mayer analyse les causes et les conséquences d’un climat de tension rarement atteint.

Qu’est-ce qui explique, en France, cette flambée des actes antisémites – 1 676 en 2023 et 1 570 en 2024 – après la tuerie de masse du 7 octobre 2023 commise par le Hamas et ses alliés ?

Ce qui se passe depuis deux ans ne tombe pas du ciel. En France, les actes antisémites avaient quasiment disparu dans les années 1990. Mais ils remontent de manière spectaculaire à partir de la seconde intifada, en septembre 2000. Le débat se polarise autour du conflit israélo-palestinien. Israël endosse le rôle du méchant, un peu comme les Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam. C’est le temps des amalgames, juif, sionisme, Israël. Les Français juifs, leurs écoles, leurs lieux de culte,