Depuis deux ans, l’antisémitisme a atteint un niveau exceptionnel en France, porté par la polarisation extrême autour du conflit israélo-palestinien. Si les préjugés racistes tendent globalement à reculer, les crises au Proche-Orient déclenchent régulièrement des vagues d’actes antisémites. Chercheuse en science politique, spécialiste des questions liées à l’antisémitisme, Nonna Mayer analyse les causes et les conséquences d’un climat de tension rarement atteint.
Qu’est-ce qui explique, en France, cette flambée des actes antisémites – 1 676 en 2023 et 1 570 en 2024 – après la tuerie de masse du 7 octobre 2023 commise par le Hamas et ses alliés ?
Ce qui se passe depuis deux ans ne tombe pas du ciel. En France, les actes antisémites avaient quasiment disparu dans les années 1990. Mais ils remontent de manière spectaculaire à partir de la seconde intifada, en septembre 2000. Le débat se polarise autour du conflit israélo-palestinien. Israël endosse le rôle du méchant, un peu comme les Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam. C’est le temps des amalgames, juif, sionisme, Israël. Les Français juifs, leurs écoles, leurs lieux de culte,