Au loin, les champs de blé ondulent sous l’effet d’une petite bise. Perdue dans un coin de l’Essonne encore rural, la zone d’activités, écrasée de chaleur et sans âme, ressemble aux dizaines et dizaines d’autres qui s’égrènent en région parisienne. Depuis décembre 2020, dans les entrepôts du groupe Bovis, spécialiste reconnu du stockage d’œuvres d’art, sont conservés une vingtaine de trésors inestimables – mais méconnus du grand public – de Notre-Dame de Paris, des peintures de Charles Le Brun, Laurent de La Hyre, Mathieu Le Nain, Guido Reni ou encore Ludovico Carracci, des maîtres de la peinture des XVIe et XVIIe siècles.
Avant de visiter ces entrepôts, il a fallu strictement garantir que l’adresse ne serait pas divulguée. Même si ces chefs-d’œuvre sont trop repérables pour être monnayables sur le marché de l’art, la peur du vol ou du vandalisme imposent la discrétion. «Nous n’avons pas envie de susciter de mauvaises idées», explique Antoine-Marie Préaut, conservateur des monuments historiques d’Ile-de-France. Guère mises en valeur dans Notre-Dame de Paris, ces peintures de très grand format représentant des scènes religieuses bénéficient d’une remise à neuf intégrale. «Nous avons créé le plus imposant atelier de restauration de tableaux en Europe», ne craint pas de dire le conservateur, rattaché à la Direction des affaires culturelles (Drac) d’Ile-de-France.