Entrer dans Notre-Dame de Paris, par les temps qui courent, relève, c’est évident, d’un immense privilège. Une nouvelle fois, ce fut pour moi, lundi après-midi, un cadeau de la vie, une expérience émouvante et inoubliable. Exigeante et stressante aussi. Professionnellement, il fallait ne rien manquer d’important, comprendre la langue particulière et technique de l’architecture, apprivoiser la grammaire du chantier pour en saisir concrètement les tenants et aboutissants, marcher à 27 mètres de hauteur, dépasser mon appréhension du vide, glaner, à la volée, photos et vidéos pour mes propres souvenirs.
Ressentir l’épaisseur de l’histoire
Vidée de ce qui fait habituellement sa vie, la cathédrale souffrante est, malgré tout, encore peuplée de ses générations de bâtisseurs, anonymes le plus souvent. Marcher dans Notre-Dame, explorer ses recoins en grimpant sur de vertigineux échafaudages, c’est nouer le lien avec ceux-là, ressentir l’épaisseur de l’histoire, se lier à des chaînes de transmission. De la cathédrale de Paris, logée dans les bras de la Seine, à l’extrémité de l’île de la Cité, j’aimais, avant l’incendie, surtout son site, préférant en revanche les édifices de Chartres ou d’Amiens. La blessure du 15 avril 2019 m’a révélé sa beauté, que j’avais jusqu’alors ignorée.
Plus prosaïquement, pour entrer dans Notre-Dame, il faut, à cause de la pollution au plomb, se déshabiller ent