
Reportage
«On propose aux hommes de jeûner de leur sexisme» : pendant Carême, des femmes cathos en lutte pour leur juste place dans l’Eglise
Un signe de croix, parfois une génuflexion rapide sur la moquette rose moucheté. Sous les voûtes de pierre, les arrivées sont perlées. Chaque jeudi, les pères jésuites de la rue Sala, dans le IIe arrondissement de Lyon, donnent une messe rapide à l’heure du déjeuner. Dans la chapelle rénovée aux murs crème et aux vitraux abstraits, une cinquantaine de personnes s’installent en silence sur les bancs. Face à elles, le prêtre débute la célébration par quelques mots puis un chant à la gloire d’un «Dieu d’amour et de tendresse». Aube et cheveux blancs, il porte une étole violette – la couleur du Carême, qui prendra fin le 17 avril à l’issue de quarante jours de prière, de jeûne et d’aumône pour les catholiques. Une phrase est reprise plusieurs fois en chœur par l’assistance : «Heureux l’homme qui met sa foi dans le Seigneur.» Et la femme, alors ?
A Lyon, une minorité d’entre elles sont en grève à l’initiative du Comité de la jupe, une association féministe catholique française. Ce mouvement inédit a été lancé par une organisation américaine, Women’s Ordination Conference, pour «dénoncer les inégalités femmes hommes persistantes au sein de l’Église». «Nous sommes complètement invisibilisées et discriminées, nous n’avons pas d’existence si ce n’est pour servir de petites mains, constate la théologienne Sylvaine