Le visage immobile, le souffle court et la silhouette toujours prostrée dans un fauteuil roulant. L’ultime apparition de François le dimanche 20 avril, jour de Pâques, au balcon de la basilique Saint-Pierre à Rome, avait tout du chemin de croix, témoin de l’état de santé souverain pontife, dont l’avenir à la tête du Vatican était toujours plus discuté.
Souhaitant «joyeuses Pâques» d’une voix faible aux milliers de fidèles réunis place Saint-Pierre peu après midi, il a prononcé en partie son discours de bénédiction «Urbi et Orbi» (à la ville et au monde), retransmise en mondovision, avant de laisser à un collaborateur la lecture de son texte. Un discours où le saint-Père passait en revue les conflits mondiaux et les attaques contre la liberté d’expression. Un conflit en particulier a attiré son attention, celui à Gaza, où François a dénoncé «la situation humanitaire dramatique» et appelé «les belligérants» au cessez-le-feu, et à ce qu’une «aide précieuse soit apportée à la population affamée qui aspire à un avenir de paix».
«Que de mépris envers les plus faibles»
Après s’être inquiété de «l’antisémitisme croissant» dans le monde, le pape a également rappelé qu’«aucune paix n’est possible là où il n’y a pas de liberté religieuse ni de liberté de pensée et d’expression». Il a également exhorté les dirigeants politiques à travers le monde «à ne pas céder à la logique de la peur qui enferme» et à «abattre les barrières qui créent des divisions», plaidant une nouvelle fois pour le désarmement.
«Que de mépris se nourrit parfois envers les plus faibles, les marginalisés, les migrants», a-t-il encore lancé. Difficile, à l’écoute de ce discours tout en allusion, de ne pas faire le lien avec la rapide entrevue accordée quelques instants plus tôt au très conservateur vice-président américain JD Vance, dont l’administration multiplie les coups de boutoir contre les minorités et la liberté d’expression, deux mois après les vives critiques du chef de l’Eglise catholique contre la politique migratoire de l’administration de Donald Trump.
Après son discours, François s’est offert un bain de foule à bord de la fameuse «papamobile». Un parcours d’une quinzaine de minutes pendant lequel il a circulé dans les allées de la place et béni des nourrissons dans une ambiance survoltée, encadré par de nombreux gardes du corps.
Mise à jour le 21 avril après la mort du pape