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Laïcité

Paris : la justice saisie après des menaces de mort contre un proviseur ayant demandé à trois élèves de retirer leur voile

La ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet, a annoncé ce vendredi 1er mars avoir «saisi le procureur» après que le directeur d’un lycée parisien a été menacé de mort. Il aurait demandé, en milieu de semaine, à plusieurs élèves d’enlever leur voile.
Le lycée Maurice Ravel en mars 2007. (Jacques Demarthon/AFP)
publié le 1er mars 2024 à 14h21
(mis à jour le 1er mars 2024 à 17h35)

La ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet, a annoncé sur X ce vendredi 1er mars à la mi-journée avoir saisi le procureur de la République après que le proviseur d’un lycée parisien a été menacé de mort alors qu’il avait rappelé à des élèves «l’obligation de retirer leur voile» : «J’adresse tout mon soutien au proviseur et à l’ensemble des équipes du lycée Maurice Ravel face à cette situation inacceptable. Nous ne laisserons rien passer.» Ce vendredi, une enquête a été ouverte pour cyberharcèlement a indiqué le parquet de Paris.

Mercredi, le proviseur de l’établissement Maurice-Ravel, situé dans le XXe arrondissement de la capitale, a «rappelé à trois élèves l’obligation de retirer leur voile dans l’enceinte du lycée», d’après les premiers éléments de l’enquête. «L’une d’elles, majeure et scolarisée en BTS, a ignoré le proviseur, ce qui a provoqué une altercation», a relaté à l’AFP le parquet, qui confirmait une information d’Europe 1. «Depuis ces faits, des menaces de mort à l’encontre du proviseur ont été constatées en ligne. Le pôle national de lutte contre la haine en ligne s’est saisi de cette partie», a expliqué le ministère public.

Une plainte déposée par l’élève, une autre par le proviseur

Les investigations portent également sur deux plaintes, selon le parquet : celle déposée par l’élève «pour violences n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail», et celle déposée par le proviseur «pour acte d’intimidation envers une personne participant à l’exécution d’une mission de service public pour obtenir une dérogation aux règles régissant ce service». Selon les services du ministère de l’Education, le proviseur a souhaité «entraîner vers la sortie de l’établissement» l’élève, qui a «résisté». «Devant la montée de tension et pour éviter l’altercation», le proviseur «s’est retiré et la police est intervenue», a-t-on précisé à l’AFP de même source. Citée par Le Parisien, l’élève de BTS, affirme, elle, avoir été «poussée» et «tapée violemment au bras» par le proviseur.

Contacté par Libération, le rectorat de Paris, confirme qu’un «incident portant atteinte aux valeurs de la République (laïcité)» est «survenu mercredi dernier au lycée Maurice Ravel» et a ensuite été «détourné sur les réseaux sociaux, générant des propos diffamatoires et des menaces». Le rectorat assure que la situation suivie de près, notamment par «les services de police» pour «garantir la sécurité de l’ensemble des élèves et du personnel de l’établissement».

Vendredi matin, l’entrée de la cité scolaire a été bloquée avec des poubelles par plusieurs dizaines de jeunes, arborant une banderole avec marqué «élève frappée, lycée bloqué», a raconté une élève à l’AFP. Les cours ont été annulés pour la journée suite au blocus, selon un message adressé par la direction aux familles, consulté par l’AFP. La direction a jugé «regrettables à tous niveaux» les «messages qui circulent sur les réseaux sociaux».

La nouvelle a également fait réagir la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui a envoyé sur X son «soutien sans réserve et aux équipes du lycée Maurice Ravel à Paris face à des menaces de mort intolérables» : «La loi de la République et la laïcité doivent être respectées partout, à commencer par l’école !», écrit la candidate des Républicains à la dernière présidentielle.

Mise à jour à 14 h 47 avec l’ajout de la déclaration du rectorat.

Mise à jour à 17 h 35 avec ajout d’éléments de contexte.