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Libération
Violences sexuelles

Pédocriminalité: Benoît XVI demande «pardon» aux victimes et nie avoir couvert des prêtres

Pédocriminalité dans l'Eglisedossier
Moins d’un mois après la publication d’un rapport accablant sur la pédocriminalité au sein du diocèse de Munich, l’ex-cardinal Joseph Ratzinger a publié une lettre ouverte où il assure avoir «regardé dans les yeux les conséquences d’une très grande faute».
Le pape émérite Benoît XVI, en 2015. (Vincenzo Pinto/AFP)
publié le 8 février 2022 à 17h37

«Je ne peux qu’exprimer à l’égard de toutes les victimes d’abus sexuels ma profonde honte, ma grande douleur et ma demande sincère de pardon. J’ai eu de grandes responsabilités dans l’Eglise catholique.» C’est avec ces mots que s’est exprimé le pape émérite, Benoît XVI, dans une lettre adressée au Vatican et rendue publique ce mardi. Cette lettre apparaît être un droit de réponse, quelques semaines après la publication du rapport sur la pédocriminalité dans son ancien archevêché de Munich. L’ex-souverain pontife réfute les accusations d’inaction qui pèsent sur lui.

Le «rapport Munich» a été publié par le cabinet d’avocat Westpfahl Spilker Wastl (WSW) le 20 janvier dernier. Ses auteurs ont recensé 497 victimes d’abus sexuels par 235 coupables présumés, entre 1945 et 2019. Ses 8 000 pages s’appuient sur des archives et des témoignages, et met en lumière l’inaction de hauts dignitaires de l’Eglise. Parmi eux, l’ancien pape Benoît XVI, qui vit aujourd’hui retiré dans un monastère près du Vatican.

Avant d’être pape, le cardinal Joseph Ratzinger a dirigé cet archevêché de 1977 à 1982. Selon le rapport, il aurait couvert quatre ecclésiastiques soupçonnés de violences sexuelles sur mineurs. Notamment le prêtre Peter Hullermann, transféré à plusieurs reprises dans différents diocèses d’Allemagne du fait de sa pédocriminalité. Le 21 janvier dernier, au lendemain de la publication du rapport, le parquet de Munich avait annoncé examiner les cas de 42 ecclésiastiques qui y sont mentionnés.

«Sincère examen de conscience»

Dans sa missive, Benoit XVI a reconnu avoir «regardé dans les yeux les conséquences d’une très grande faute». Et assure avoir «appris à comprendre que nous sommes nous-mêmes entraînés dans cette grande faute quand nous la négligeons ou quand nous ne l’affrontons pas avec la décision et la responsabilité nécessaires, comme il est trop souvent arrivé et qu’il arrive encore».

«Benoît XVI n’a jamais cherché à dissimuler le mal dans l’Eglise», estime ce mardi son ancien porte-parole, Federico Lombardi, voyant dans cette lettre «le résultat d’un temps profond et douloureux et d’un sincère examen de conscience».

Ces dernières années, de nombreux scandales de pédophilie ont émaillé le quotidien de l’Eglise catholique allemande et de ses 22,6 millions de membres. En mai dernier, l’archevêque de Munich et ancien président de la conférence épiscopale allemande, Reinhard Marx, avait présenté sa lettre de démission au pape, dénonçant un «échec institutionnel ou systémique» de l’Eglise allemande. En Allemagne, elle reste la première confession, bien qu’elle ait perdu 2,5 millions de fidèles ces dix dernières années.