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«Personne ne m’interdit de parler» : Jean-Marie Delbos, «victime zéro» de Bétharram

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Violé à la fin des années 50 par le jeune prêtre Henri Lamasse, le Béarnais, aujourd’hui âgé de 79 ans, avait dénoncé dès 1961 son agresseur, placé en garde en vue en février.
Jean-Marie Delbos, 79 ans, est la «victime zéro» de l'immense scandale de Bétharram. (Marion Vacca/Libération)
par Bernadette Sauvaget et photo Marion Vacca
publié le 29 avril 2025 à 19h52

Pour Jean-Marie Delbos, 79 ans et quelques cancers, Bétharram, c’est le combat d’une vie. Ou plutôt le combat pour sa vie. Comme il existe un patient zéro ― le premier qui contracte une maladie lors des grandes épidémies ―, le Béarnais est la «victime zéro» de l’immense scandale de Bétharram, ce fleuron de l’enseignement catholique dans les Pyréenées-Atlantiques qui, pendant des décennies, a consciencieusement camouflé la terreur et la perversité qui y régnaient. Le retraité de la police est le premier à avoir publiquement révélé cet océan d’horreurs, le premier de la longue liste de ceux qui, ces derniers mois, portent, les uns après les autres, leur dossier au procureur de la République de Pau ― 200 jusqu’à présent.

«Personne ne m’interdit de parler», lance Jean-Marie Delbos, attablé, ce jour de printemps, devant une eau gazeuse. Personne (ni rien) n’arrête le Béarnais, grande gueule et forte tête. Dans ce genre de mauvaises affaires, il en faut toujours des capables de foncer dans le tas. Le dos cassé, marchant difficilement avec une béquille, il a roulé une centaine de kilomètres depuis son village natal Castetnau-Camblong, dans le Béarn, jusqu’à Lourdes. C’est la deuxième fois qu’on s’y rencontre.

Habitué des rébellions

Il y a trois ans et demi, le 6 novembre 2021, Jean-Marie Del