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Libération
Edito

Pour l’Eglise, sans réforme, point de salut

Pédocriminalité dans l'Eglisedossier
Un an après la publication du rapport salutaire sur les abus sexuels commis dans l’institution catholique, force est de constater qu’il lui reste beaucoup d’efforts de transparence et de vérité à faire.
A Luçon, le dimanche 27 novembre, lors de la messe à la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption. (Théophile Trossat/Libération)
publié le 26 décembre 2022 à 20h31

Les catholiques ne sont pas à la fête… Il ne faut pas chercher très loin les raisons de la grave crise que traverse en France l’Eglise catholique. Elles sont évidemment liées à la déflagration du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise publié en octobre 2021, qui avait conclu à un phénomène «massif» et «systémique», dont plus de 200 000 personnes ont été victimes. Plus d’un an après sa publication salutaire, force est de constater qu’il reste à l’institution beaucoup d’efforts de transparence et de vérité à faire. La demande vient d’ailleurs de l’intérieur, c’est-à-dire des fidèles eux-mêmes. Les autorités religieuses feraient bien de les écouter : leurs ouailles sont de plus en rares, donc précieuses si elles veulent se donner une chance de redresser la barre, alors que d’aucuns n’hésitent plus à pronostiquer une chute sans fin du poids de l’Eglise catholique dans le pays. Petit rappel en passant : seuls 2 % de la population se rendent aujourd’hui chaque dimanche à la messe, contre 25 % dans les années 60.

Que disent les fidèles ? Que derrière les révélations sur les innombrables abus sexuels commis au sein de l’Eglise se cachent des abus de pouvoir au sein de l’institution. Car si la dernière grande révolution interne, celle de Vatican II, a ouvert les portes à une certaine modernité, elle n’a pas transformé l’organisation du pouvoir au sein de l’Eglise. Il reste donc encore trop vertical, opaque et masculin. A sa manière, l’air de rien, en misant sur un peu de plus de décentralisation, le pape François s’y essaye. Mais les résistances sont vives. La structuration du pouvoir au sein de l’institution catholique n’explique évidemment pas tout de la crise qu’elle traverse. Elle est aussi par exemple victime d’une pénurie des vocations (mais n’est-ce pas peut-être un peu lié ?), d’une crise de la ruralité, de l’individualisation croissante de la société. Il n’empêche : c’est bien d’une vaste réforme de son organisation hiérarchique interne dont l’Eglise a besoin si elle veut ressusciter.