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Généalogie

Prevost ou Riggitano ? Chez Léon XIV, une riche lignée de migrants

Depuis l’élection de Robert Francis Prevost à la papauté, le 8 mai, les généalogistes tentent de reconstituer le fil de ses origines, pour le moins inattendues.
Le pape Léon XIV lors de son audience générale hebdomadaire sur la place Saint-Pierre, au Vatican, le mercredi 6 août 2025. (Gregorio Borgia/AP)
publié le 10 août 2025 à 15h54

Au moins un quart de français. Et autant d’italien. Mais aussi beaucoup d’ancêtres mulâtres – la mention qui était inscrite sur les registres de l’époque, vivant pour la plupart, en Louisiane, à la Nouvelle-Orléans. Né le 14 septembre 1955 à Chicago, Robert Francis Prevost, le nouveau pape, n’a rien d’un WASP (pour «white anglo-saxon protestant»), réputé être l’élite des Etats-Unis. Son arbre généalogique révèle, de fait, des racines multiples entre l’Europe et l’Afrique. Léon XIV est l’aboutissement d’une riche lignée de migrants et de l’histoire complexe de la nation américaine.

De ce fait, Prevost a donné du fil à retordre et des sueurs froides aux généalogistes. Dès son élection, ceux-ci se sont lancés sur la piste de ses origines. Et sont vite tombés sur un os. En l’occurrence, le grand-père paternel de Léon XIV, celui dont il a hérité du patronyme Prevost. L’affaire était au départ nimbée de mystère. Y compris pour le pape lui-même, d’après ce qu’a rapporté l’éditeur catholique Marc Leboucher, qui a croisé Léon XIV le lendemain de son élection, à la résidence Sainte-Marthe au Vatican où les cardinaux étaient logés. A l’éditeur, d’après ses dires, le pape a demandé de «le renseigner sur les origines françaises de son grand-père.»

Pistes brouillées

De fins limiers généalogistes ont découvert le pot aux roses, en potassant la presse, les registres de l’état civil et les fiches de recensement d’étrangers installés aux Etats-Unis. Mettant à jour, selon le site Geneanet, une histoire d’amour peu conforme aux standards de la morale catholique. Le grand-père soi-disant français du pape était en fait un Sicilien, de son vrai nom Salvatore Riggitano. Nul ne sait comment ce professeur de langues romanes, émigré aux Etats-Unis en 1904, a rencontré et séduit la grand-mère du pape, de dix-huit ans sa cadette, Suzanne Fontaine, elle vraiment française. L’aïeule normande de Léon XIV est née le 2 février 1894 au Havre. Cette fille de pâtissiers a émigré, apparemment seule, en 1915 aux Etats-Unis, à bord du transatlantique La Touraine.

A la naissance de leur premier enfant en 1917 (l’oncle du pape, John Centi), Salvatore et Suzanne n’étaient pas mariés et risquaient même d’être poursuivis pour adultère car le père avait déjà épousé une autre femme. Ils ont volontairement brouillé les pistes, au moment de la déclaration à l’état civil. Le choix du très français Prevost pour le nom d’emprunt de Salvatore ne doit rien au hasard : c’était le patronyme de la mère de Suzanne Fontaine. Les deux compagnons ont eu un deuxième fils : Louis Marius, né en 1920, le père du pape qui, comme officier de la marine américaine, a participé en juin 1944 au débarquement de Normandie.

Des racines africaines via sa mère

Dès le surlendemain de l’élection de Léon XIV, le New York Times a révélé les origines créoles du nouveau pape. Ce qui a été rapidement confirmé par les recherches des généalogistes. Par sa branche maternelle, celle de sa mère Mildred Martinez, le successeur de François a des origines espagnoles, françaises et africaines, passant notamment par Haïti. Bref, Léon XIV est très probablement le premier pape, de l’époque contemporaine, descendant d’esclaves…