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Discrimination

Pyrénées-Orientales : que sait-on du refus de séjour de 150 jeunes touristes israéliens dans un centre de loisirs à Porté-Puymorens

Le parquet de Perpignan a confirmé ce jeudi 21 août le placement en garde à vue du gérant d’un parc de loisirs dans le sud des Pyrénées-Orientales. L’homme de 52 ans encourt 3 ans de prison.
Le groupe, en vacances en Espagne, a été refusé côté français, «alors qu’une réservation avait été faite de longue date». (Jean-Marc Barrère/Hans Lucas / AFP)
publié le 21 août 2025 à 20h00
(mis à jour le 22 août 2025 à 18h47)

Il invoque des «convictions personnelles». Le parquet de Perpignan lui rappelle qu’il s’agit bien d’un délit puni par la loi. Le gérant d’un parc d’activités de loisirs dans le sud des Pyrénées-Orientales qui a refusé ce jeudi 21 août l’accès à un groupe de 150 jeunes vacanciers israéliens a finalement été placé en garde à vue.

Que s’est-il passé ?

Selon le parquet de Perpignan, le gérant du centre de loisirs, situé à Porté-Puymorens, dans le sud des Pyrénées-Orientales, «a indiqué à ses interlocuteurs refuser l’accès à son établissement en raison de «convictions personnelles». D’après le quotidien régional l’Indépendant, il s’agit du parc de loisirs Tyrovol, un parcours aérien de tyroliennes. Le groupe de 150 vacanciers israéliens, tous mineurs, âgés de 8 à 16 ans, en vacances en Espagne, a été refusé côté français, «alors qu’une réservation avait été faite de longue date».

Dans une publication sur Facebook datée du 20 août au soir - la veille de la venue du groupe d’enfants -, le parc de loisirs Tyrovol annonçait une «fermeture exceptionnelle» pour le lendemain : «Suite au fort épisode orageux d’hier, nous devons fermer le parc demain, jeudi 21 août, afin de réaliser une inspection complète de nos installations». L’entreprise soulignait une vérification «essentielle» en termes de sécurité.

Selon nos confrères du Parisien, citant un communiqué publié ce vendredi par le parquet de Perpignan, le gérant «aurait invité ses employés à faire valoir leur droit de retrait», «avant d’avancer d’autres justifications auprès d’autres personnes». De son côté, le groupe de vacanciers israéliens «a modifié son planning et s’est rendu, à bord de trois bus, sur un autre site en France, dont la sécurité est assurée par la gendarmerie, sans le moindre incident à cet instant», a précisé le parquet en fin de journée.

Où en est l’enquête ?

Une «enquête de flagrance» a été confiée à la brigade de recherche de la commune de Prades. Inconnu de la justice et «ne faisant pas l’objet de mauvais renseignements», le gérant, âgé de 52 ans, a été placé en garde à vue pour «discrimination fondée sur la religion dans le cadre de l’offre ou de la fourniture d’un bien ou d’un service», a souligné le parquet, rappelant que ce délit est «puni d’une peine maximale de trois ans d’emprisonnement».

Des réactions encore prudentes

Ce vendredi 22 août, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a jugé «grave» le refus d’accès au groupe de vacanciers. «Ce n’est pas notre conception de la République, ce n’est pas notre conception de la dignité humaine», a-t-il déclaré sur BFM TV. «Si les faits sont confirmés, ils constitueront une preuve supplémentaire que l’antisémitisme, pour certains, est désormais assumé sans honte», a poursuivi le président LR dans un communiqué diffusé plus tard dans la soirée.

Sur sa page Facebook, le maire Porté-Puymorens a également réagi, appelant à «l’apaisement» et demandant à ce que la justice fasse «toute la lumière sur cette affaire en toute sérénité, dans le respect des procédures et des droits». «Si ces faits venaient à être avérés, le conseil municipal condamnerait à l’unanimité, avec la plus grande fermeté, un tel acte, contraire aux valeurs de la République.»