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Patronyme

Robert Francis Prevost devenu le pape Léon XIV : un nom inattendu pour un pontificat sous le signe du social

Pape Léon XIVdossier
Le nom de règne choisi par le nouveau pape, élu jeudi 8 mai évêque de Rome, révèle la «marque sociale» que Robert Francis Prevost entend donner à son pontificat.
Robert Francis Prevost en 2024 à New Lenox, dans l'Illinois. (AP)
publié le 9 mai 2025 à 9h05

Il aurait pu être Jean XXIV, que François citait souvent comme le nom probable de son successeur, ou Paul VII, comme l’envisageaient nombre d’observateurs. Il n’en sera rien, le nouveau pape, Robert Francis Prevost, élu jeudi 8 mai, s’appelle Léon XIV. De quoi annoncer la couleur : il sera un pape social. Son prédécesseur, Léon XIII, avait publié une encyclique qui a fait date dans l’Eglise catholique, Rerum Novarum, qui a mis en place la doctrine sociale catholique. Celui qui a régné de 1878 à 1903 dénonçait ainsi dans le texte «la concentration, entre les mains de quelques-uns, de l’industrie et du commerce […] qui imposent ainsi un joug presque servile à l’infinie multitude des prolétaires».

Mais dans l’histoire millénaire de la papauté, le choix de Léon n’est cependant pas révolutionnaire puisqu’il figure sur le podium des noms plus utilisés après Jean, Benoît, Grégoire, Clément et Innocent. Cette dimension sociale peut donc aussi être interprétée comme un hommage à son prédécesseur argentin, Jorge Bergoglio. Le même qui créa la surprise en 2013 en étant le premier à se faire appeler François, prénom du défenseur des pauvres au XIIIe siècle qu’était François d’Assise, alors que, ironie du sort, les bookmakers avaient parié sur Léon.

Un nouveau pape dans les pas de François

Dans sa première adresse au monde, l’américain Prevost se situe d’ailleurs clairement dans la lignée de François, en dessinant les lignes d’une Eglise catholique inclusive, celle que voulait le pape défunt. «Dieu nous aime tous, insiste-t-il. Le mal ne prévaudra pas.» De l‘héritage de l’Argentin, Léon XIV reprend aussi le thème de la synodalité, une entreprise de transformation de la gouvernance de l‘institution catholique, rabotant le pouvoir des clercs. Le premier pape nord-américain de l‘histoire rend un hommage appuyé à son prédécesseur. «Merci à François», lance-t-il, provoquant des applaudissements.

Devenu cardinal en 2023, l’Américain, critique de la politique du clan Trump, avait avant son élection des fonctions dans sept dicastères (l’équivalent de ministères au Saint-Siège). Robert Francis Prevost occupait notamment depuis 2023 la tête du puissant dicastère des évêques. Modeste, il avait décidé de vivre, à Rome, au siège de son ordre, situé à quelques dizaines de mètres à peine du Vatican. En tant que préfet du dicastère pour les évêques, il aurait pourtant pu prétendre à un vaste appartement de plusieurs centaines de mètres carrés que le Vatican réserve à ses très hauts responsables. Déjà, la dimension sociale.

A ce poste, il faisait figure de conseiller très écouté par François sur les nominations des prélats, lequel appréciait particulièrement cet homme souvent qualifié de discret et réservé, et qui s’est immergé des années durant dans les «périphéries», ces territoires éloignés ou délaissés jusqu’ici par l’Eglise. Natif de Chicago, Mgr Prevost a passé en tout deux décennies au Pérou, où il a mené une œuvre missionnaire. Il détient d’ailleurs aussi la nationalité péruvienne.