Un drame au petit matin sous fond d’antisémitisme. Dans un bref message publié sur X, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé ce vendredi 17 mai en début de journée qu’un homme armé avait été tué dans la matinée par «les policiers nationaux» après avoir tenté de «mettre le feu à la synagogue de la ville».
À Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 17, 2024
Vers 6 h 45, les policiers sont «intervenus sur un signalement de dégagement de fumée près de la synagogue», située rue des Bons enfants dans le centre historique de Rouen, retrace une source policière. «Un individu a mis le feu à la synagogue de Rouen. Il aurait pris à partie les policiers et les pompiers», confirme pour sa part le procureur de Rouen, Frédéric Teillet. «Ensuite, il aurait menacé un policier d’un couteau et ce dernier a fait usage de son arme et l’individu est décédé», précise le procureur. Selon la version policière, la police nationale a vu sur les lieux «un individu debout sur le mur d’enceinte de la synagogue, porteur d’une barre de fer et d’un couteau de 25 centimètres. Il brandit le couteau et se dirige vers les policiers qui tirent».
En début d’après-midi, Gérald Darmanin est revenu plus en détails, lors d’une visite organisée en urgence à Rouen, sur le déroulé de la matinée. Pour lui, l’homme, d’origine algérienne, qui a été abattu a commis un «acte antisémite qui s’en prend à un lieu sacré pour la République». Le ministre de l’Intérieur a expliqué que le suspect avait sollicité en 2022 un titre de séjour pour «étranger malade» et avait été débouté de son recours «fin janvier» 2024. Sous Obligation de quitter le territoire français (OQTF), il était inscrit au fichier des personnes recherchées depuis quelques semaines, quand bien même son OQTF était «non exécutable» en raison d’un recours engagés devant les juridictions administratives.
Deux enquêtes ouvertes
Le procureur de Rouen a annoncé l’ouverture de deux enquêtes distinctes : «Une première sur l’incendie volontaire visant un lieu de culte et sur les violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique, et une deuxième sur les circonstances du décès de l’individu.» La première enquête a été confiée à la Direction générale de la police nationale (DGPN) et la seconde à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Sollicité, le Parquet national antiterroriste indique être en train d’évaluer s’il se saisit du dossier.
Lors d’une conférence de presse ce vendredi midi, le procureur a expliqué que le policier qui a fait usage de son arme «a été placé en garde à vue, comme c’est l’usage» mais que les images de vidéosurveillance semblent montrer «que ce fonctionnaire de police a fait usage de son arme dans les conditions permises par le code de sécurité intérieur». Il devrait être libéré à l’issue de son audition. Gérald Darmanin a pour sa part déjà annoncé que le policier allait être décoré.
Rapidement après l’incendie, le maire (PS) de la ville, Nicolas Mayer-Rossignol, a réagi sur les réseaux sociaux : «Merci aux forces nationales, aux policiers municipaux, au SAMU, aux pompiers qui maîtrisent actuellement le départ de feu. Je suis sur place. A priori pas d’autres victimes que l’individu armé. Pensées et soutien total à la Communauté israélite de Rouen. […] A travers cette agression et cette tentative d’incendie de la synagogue de Rouen, ce n’est pas seulement la communauté israélite qui est touchée. C’est toute la ville de Rouen qui est meurtrie et sous le choc.»
«Tenter de brûler une synagogue, c’est vouloir intimider tous les Juifs. Une nouvelle fois, on veut faire peser un climat de terreur sur les Juifs de notre pays. Combattre l’antisémitisme, c’est défendre la République», a pour sa part dénoncé sur X le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi.
Mise à jour à 14 h 45 avec les précisions de Gérald Darmanin.