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Interview

Seconde Guerre mondiale : «L’attitude du Vatican fut de défendre les prérogatives de l’Eglise et de ses propres fidèles»

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En privilégiant l’aide aux Juifs convertis au catholicisme, le Saint-Siège a choisi la défense de ses fidèles avant le reste, explique l’historienne Nina Valbousquet.
Le nonce Valerio Valeri à Paris vers 1940 et sa lettre d'approbation au statut des Juifs adopté par le régime de Vichy. (Keystone - Archivio Storico/Città del Vaticano)
publié le 7 novembre 2022 à 18h44

Commissaire scientifique de l’exposition «“A la grâce de Dieu”, les Eglises et la Shoah», l’historienne Nina Valbousquet, spécialiste de l’antisémitisme catholique, travaille actuellement à Rome sur les archives du pontificat de Pie XII. Elle explique comment et pourquoi le Vatican a, durant la Seconde Guerre mondiale, privilégié l’aide aux Juifs convertis au catholicisme.

Les législations raciales fascistes et nazies emploient le terme de catholique «non aryen», repris par le Vatican. Que signifie-t-il ?

Cela désigne un Juif converti au catholicisme – parfois même baptisé à la naissance – mais qui va être considéré comme «non aryen» car il a un ou plusieurs ascendants Juifs. Sans trop y réfléchir, le Vatican utilise ce terme comme une sorte de vocabulaire administratif.

Le Vatican apporte-t-il en priorité son aide à ces catholiques «non aryens» pendant la guerre ?

Cette question permet d’entrer au cœur de son fonctionnement. Le Vatican considère en effet avoir une juridiction ecclésiastique sur ses fidèles, c’est-à-dire les catholiques. De ce fait, il va intervenir dans le cas où les législations raciales frappent les