A son bureau, Sarah, l’une des surveillantes de l’établissement, trie les photos des (presque) 400 élèves du collège-lycée Ibn-Khaldoun, situé dans les quartiers nord de Marseille, en plein 15e arrondissement, souvent zones de pauvreté. «J’enlève les photos de ceux qui partent cette année», explique la trentenaire. D’après les derniers décomptes de la direction, ils devraient être une cinquantaine à poursuivre ailleurs leur scolarité. «A la rentrée, je vais aller dans une école catholique», raconte Otman, un élève de cinquième, les cheveux bouclés un peu mouillés par une petite bataille d’eau qui vient d’avoir lieu dans la cour. Sa sœur et sa cousine, elles aussi scolarisées à Ibn Khaldoun – IBK, comme on appelle familièrement l’établissement –, s’en vont également.
«J’aurais préféré rester ici, regrette Otman. Tous mes copains sont là, nous étions déjà ensemble en primaire. Mes parents nous ont dit, à ma sœur et à moi, qu’ils n’avaient pas les moyens financiers de nous laisser ici.» Au collège-lycée musulman de Marseille, dont la moitié des seize classes est sous contrat d’association avec l’Etat, il a fallu, ces dernières semaines, prendre une décision drastique : augmenter substantiellement les frais de scolarité, 300 à 400 euros en plus pour l’année. Ce qui n’est pas rien pour de nombreux parents. «A IBK, 60 % des élèves sont boursiers», explique l’un des piliers de l’établissement qui souhaite rester anonyme, préférant que les ennuis du