L’affaire avait fait grand bruit l’été dernier. Le 19 août à Levallois-Perret, des «Juif voleur» peints en lettres noires étaient découverts sur la vitrine d’un restaurant casher. L’auteur de ces inscriptions antisémites a été retrouvé et condamné, ce jeudi 14 décembre, par le tribunal de Nanterre. Son profil détonne : il s’agit d’un homme de 74 ans, lui-même de confession juive, qui s’avère être le propriétaire du local visé par les tags. Il dit avoir eu un différend financier avec le commerçant, ce qui aurait motivé son geste. Il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis, son discernement étain altéré lors des faits, a établi la décision de justice, conformément aux conclusions d’une expertise psychiatrique mentionnée lors des débats.
Au cours de l’audience, le prévenu - prothésiste dentaire à la retraite qui comparaissait sous assistance respiratoire - n’a cessé d’interrompre la présidente, l’avocat général et son propre avocat qui contestait le caractère volontairement antisémite de ces inscriptions. «Moi j’en ai rien à foutre, juif ou pas juif, ce qui compte c’est qu’on me paie ma retraite, mon loyer», a éructé le prévenu, invoquant tout au long des débats un différend commercial à l’origine de son «coup de sang», comme l’a qualifié la présidente.
«Le fait que (la victime) vous doive de l’argent ne justifie pas que vous alliez taguer tout un immeuble !» s’est exclamée la magistrate. «Ce que n’entend pas (le prévenu) c’est que c’est encore pire de mettre juif voleur en étant soi-même de confession juive, parce qu’on sait à quel point ça blesse, ça ressasse tous les relents antisémites qui existent depuis la nuit des temps», s’est indigné le procureur, qui a requis une «condamnation symbolique». Soit celle qui a finalement été infligée au prévenu, qui ne fera pas appel, précise son avocat.