Louis Ribes n’était pas seulement un prêtre, un professeur d’art et de philosophie et un peintre, dont les tableaux bariolés et les vitraux d’inspiration cubiste ont orné une quinzaine d’églises de la région Rhône-Alpes. Celui qu’on surnommait le «Picasso des églises» est également accusé de nombreuses agressions sexuelles et de viols. Ses proies : des enfants prépubères et des adolescents de milieux modestes et croyants, à qui cet homme cultivé faisait miroiter une initiation au dessin ou à la pyrogravure, l’accès aux disques et aux cassettes vidéo qu’il possédait en nombre, et à qui il offrait des cadeaux.
Il est mort en 1994, emportant avec lui la possibilité d’une action publique à son encontre. Il aura fallu près de trente ans pour que les victimes parviennent à effilocher le lourd voile de silence qu’a jeté l’institution catholique sur les agissements de l’un des siens.
«Volonté d’étouffer l’affaire»
A ce jour, 49 victimes se sont signalées aux trois diocèses concernés – 19 à Lyon, 19 à Saint-Etienne et 11 à Grenoble. De l’aveu même du diocèse de Lyon, il est peu probable que l’affaire Ribes se limite à cette cinquantaine de victimes connues. «On peut au moins tripler si tout le monde déclare la moindre caresse, il y a des générations d’enfants abusés, beaucoup refusent de voir la vérité en face car ça fait trop mal», est persuadé Bruno, petit-cousin de Louis Ribes et habitant de Grammond (Loire), qui affirme avoir été victime d’agressions sexuelles au milieu des années 80.