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Enquête

«Très longtemps, j’ai cru que j’étais la seule»: nouvelles accusations de violences sexuelles contre le prêtre Louis Ribes

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Pédocriminalité dans l'Eglisedossier
«Libération» a obtenu de nouveaux témoignages qui corroborent ce que décrivent plusieurs dizaines de victimes du prélat: une emprise sur les enfants dont il avait la charge, avec agressions sexuelles, viols, et prises de clichés pédocriminels.
Sainte-Catherine Le 9 mars 2022. Vitraux dans l'église Sainte-Catherine réalisés par le prêtre Louis Ribes, accusé d'actes de pédophilie. (Bruno Amsellem/Libération)
par Maïté Darnault, envoyée spéciale à Grammond (Loire) et photos Bruno Amsellem
publié le 16 mars 2022 à 13h13

Louis Ribes n’était pas seulement un prêtre, un professeur d’art et de philosophie et un peintre, dont les tableaux bariolés et les vitraux d’inspiration cubiste ont orné une quinzaine d’églises de la région Rhône-Alpes. Celui qu’on surnommait le «Picasso des églises» est également accusé de nombreuses agressions sexuelles et de viols. Ses proies : des enfants prépubères et des adolescents de milieux modestes et croyants, à qui cet homme cultivé faisait miroiter une initiation au dessin ou à la pyrogravure, l’accès aux disques et aux cassettes vidéo qu’il possédait en nombre, et à qui il offrait des cadeaux.

Il est mort en 1994, emportant avec lui la possibilité d’une action publique à son encontre. Il aura fallu près de trente ans pour que les victimes parviennent à effilocher le lourd voile de silence qu’a jeté l’institution catholique sur les agissements de l’un des siens.

«Volonté d’étouffer l’affaire»

A ce jour, 49 victimes se sont signalées aux trois diocèses concernés – 19 à Lyon, 19 à Saint-Etienne et 11 à Grenoble. De l’aveu même du diocèse de Lyon, il est peu probable que l’affaire Ribes se limite à cette cinquantaine de victimes connues. «On peut au moins tripler si tout le monde déclare la moindre caresse, il y a des générations d’enfants abusés, beaucoup refusent de voir la vérité en face car ça fait trop mal», est persuadé Bruno, petit-cousin de Louis Ribes et habitant de Grammond (Loire), qui affirme avoir été victime d’agressions sexuelles au milieu des années 80.

Le 25 janvier,