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Libération
Symbole

Dans le fief bourguignon d’Emmaüs, une statue de l’abbé Pierre déboulonnée

Affaire Abbé Pierredossier
La commune de Norges-la-Ville a retiré, ce mardi 17 septembre, la statue représentant le religieux, accusé depuis le début de l’été de multiples violences sexuelles.
Des agents municipaux ont procédé au déboulonnage de statue de l'abbé Pierre à Norges-la-Ville, le 17 septembre 2024. (Fabrice Sirlin/Maxppp)
publié le 17 septembre 2024 à 14h30

«C’est un symbole qui tombe», selon les mots de Denis Mailler, maire de Norges-la-Ville (Côte d’Or). Dans ce village de 940 habitants, qui abrite la deuxième communauté Emmaüs de France, une statue de l’abbé Pierre a été déboulonnée ce mardi 17 septembre. «Il n’y a eu aucun débat», résume l’édile. Le conseil municipal a entériné la semaine dernière le déboulonnage de la statue, «par un vote unanime», selon lui.

La sculpture en résine, de taille réelle, avait été installée en 2013 sur un piédestal, à quelques pas de la mairie, en hommage au fondateur d’Emmaüs. «On ne pouvait pas faire autrement. La raison est évidente», a expliqué le maire dans une allusion à la série de témoignages de femmes accusant l’abbé Pierre de violences sexuelles, entre les années 1950 et les années 2000.

«J’ai accepté cette décision sans problème»

L’association Emmaüs possède à Norges sa deuxième communauté en importance, avec des hébergements pour 120 précaires, ainsi qu’un important dépôt-vente et un centre de recyclage. «C’est une tristesse car, pour moi, l’abbé Pierre représentait beaucoup. C’était un symbole», a ajouté le maire, peu avant que la statue ne soit démontée.

«On verra ce qu’on en fait», lâche Denis Mailler, dont la décision est approuvée par le centre Emmaüs de Norges. «Cela ne pose pas de souci de notre côté, a confié son président à l’AFP. Nous sommes une communauté Emmaüs, pas la communauté de l’abbé Pierre. C’est la compétence de la mairie.»

Yves Roulleau, le plasticien de Norges qui avait créé la statue pour en faire don à la commune, est lui aussi en accord avec le déboulonnage. «J’ai été prévenu et j’ai accepté cette décision sans problème. A l’époque, la France était sous le choc de sa disparition [de l’abbé Pierre]. Après les révélations, il en est tout autrement», a-t-il réagi, recommandant même de «détruire» son œuvre. Pour l’instant, la statue a été remisée au milieu des tondeuses et autres outils de jardinage de l’entrepôt municipal.

Après les révélations d’agressions sexuelles visant l’abbé Pierre, de nombreuses villes s’apprêtent à débaptiser les lieux nommés en hommage à l’ancienne icône de la lutte contre le mal-logement. La Fondation Abbé-Pierre a annoncé le 6 septembre qu’elle allait changer de nom, et fermer définitivement le lieu de mémoire situé à Esteville (Seine-Maritime). L’école du village normand, qui porte également le nom du prêtre, devrait aussi être débaptisée.

En France 150 voies ou lieux-dits sont nommés Abbé-Pierre ou Henri-Grouès (son nom de naissance), selon un décompte de l’AFP à partir de la base nationale des adresses.