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Laïcité

Vingt ans après la loi sur les signes religieux: le voile islamique, une obsession française ?

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Le 15 mars 2004, le Parlement adoptait la loi encadrant le port de signes religieux dans l’enseignement public, dont l’application s’est essentiellement portée sur le voile islamique. Vingt ans plus tard, le débat ne semble nullement apaisé.
Le 17 janvier 2004, lors de la manifestation parisienne qui avait rassemblé 11 000 personnes contre le projet de loi interdisant les signes religieux à l'école. (Moctar Kane/Libération)
publié le 14 mars 2024 à 19h25

Les curés catholiques doivent-ils craindre pour leur col romain et leur soutane, les rabbins pour leur kippa et les moines bouddhistes pour leur robe safran ? Oui, à en croire un sondage CSA rendu public le 6 mars au Sénat. D’après celui-ci, 61 % des Français seraient favorables à une interdiction du port de signes religieux dans l’espace public. Il y a clairement, en matière de laïcité, une extension continue du domaine de la lutte. Ce même jour, au palais du Luxembourg, deux sénateurs, Laurent Lafon (UDI) et François-Noël Buffet (LR), rendaient leur rapport sur les violences à l’école. Parmi 38 recommandations, les parlementaires préconisent l’interdiction du port des signes religieux «à toutes activités organisées par l’institution scolaire». Dans les faits, cela concernerait autant les voyages que les sorties culturelles ou sportives et inclurait les parents accompagnateurs.

La mesure irait au-delà de l’emblématique loi de 2004, prohibant le port de signes religieux ostentatoires dans les écoles, collèges et lycées publics. Voté il y a tout juste vingt ans, à une large majorité, le texte législatif est le résultat lui-même d’une longue et virulente polémique. Vingt ans, l’âge d’un premier bilan ? «Quand la loi a été votée, il y a eu un excès de victoire, estime la sociologue Nilüfer Göle, l’une des pionnières des travaux sur le port du voile islamique en Turquie et en Europe. On a pensé avoir réglé le problème mais ce n’était pas une évaluation juste.