Après celui de la justice des hommes, Riaumont dans l’œil de l’Eglise. L’évêque d’Arras et le responsable de l’abbaye de Fontgombault vont «instruire une visite canonique extraordinaire» de la communauté catholique traditionaliste de Riaumont (Pas-de-Calais), ont-ils annoncé ce mercredi 7 mai, au lendemain d’une première condamnation liée à cet ancien «village d’enfants». L’ancien prieur de Riaumont, Alain H., 61 ans, a été condamné mardi à deux ans de prison avec sursis pour consultation de fichiers pédopornographiques.
Cette visite canonique est ordonnée «au vu du nombre de religieux mis en cause pour différents motifs, et des accusations graves portées contre la communauté», soulignent dans un communiqué Olivier Leborgne, évêque d’Arras, et Dom Jean Pateau, père abbé de l’abbaye de Fontgombault, dont relève Riaumont. Ils nommeront «dans les prochains jours» deux personnes extérieures chargées de cette visite, «qui nous permettra d’évaluer les décisions à prendre, les réformes importantes à mettre en œuvre à court et moyen terme, au regard de la situation».
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Olivier Leborgne et Dom Jean Pateau considèrent aussi cette visite comme «une opportunité précieuse à plus long terme de regarder en vérité l’histoire de la communauté, d’interroger […] ses forces et ses fragilités, voire ses fautes, et de discerner avec sagesse son avenir et sa capacité réelle à poursuivre sa mission».
Le prieur «regrette sincèrement son imprudence» dans cette «douloureuse affaire»
L’ancien prieur de Riaumont, Alain H., a fait appel de sa condamnation, a confirmé son avocat, Me Octave Nitkowski, selon lequel les sites consultés par son client étaient «tout à fait légaux». «Il reste que consulter des images pornographiques est un péché grave», a toutefois estimé la communauté de Riaumont dans un communiqué diffusé sur son site, assurant qu’Alain H. «regrette sincèrement son imprudence» dans cette «douloureuse affaire».
Selon Me Nitkowski, qui est également l’avocat de la communauté, «il y a déjà eu plusieurs visites canoniques à Riaumont», qui ont toujours «été acceptées» par la communauté. Ses membres «sont disponibles dans le respect du droit canon», a ajouté Me Nitkowski au sujet de la visite annoncée, s’étonnant «du fait qu’il y ait eu un communiqué de presse préalable à toute prise de contact avec la communauté», une démarche «pas très courtoise», selon lui.
Plusieurs enquêtes pour violences et violences sexuelles
Situé sur un vaste domaine boisé à Liévin, Riaumont a démarré dans les années 1960 comme foyer d’accueil pour enfants placés par les services sociaux, et a aussi accueilli des enfants de familles traditionalistes. Cette institution est aussi concernée par d’autres enquêtes judiciaires pour violences, agressions sexuelles et viol sur mineur.
Le parquet de Béthune a récemment requis la tenue d’un procès contre Alain H. et cinq autres religieux de Riaumont pour des violences sur plusieurs dizaines d’enfants entre 2007 et 2019. Deux autres encadrants de Riaumont sont mis en examen dans le volet des agressions sexuelles. Dans ce dossier, Me Nitkowski précise qu’il ne s’agit pas de religieux de la communauté.
Une autre information judiciaire concerne une affaire de viol, dans laquelle l’auteur présumé était mineur au moment des faits et Alain H. est poursuivi pour «non-dénonciation de crime». «Les frères concernés par ces procédures se sont vu retirer tout apostolat auprès de mineurs», assurent l’évêque d’Arras et le père abbé de l’abbaye de Fontgombault.