Comme à chaque fois en ce qui concerne le chantier de Notre-Dame de Paris, chaque heure est comptée. «Nous avons travaillé jusqu’à minuit hier soir», raconte Alexandre Gury, maître forgeron – il préfère ce terme à celui de ferronnier d’art. Avec ses cinq salariés, le jeune patron normand rénove la grande croix du chevet de la cathédrale, qui mesure 15 mètres de hauteur et pèse 1,5 tonne. La vision a quelque chose d’incongru. Suspendue à un engin de levage, elle s’érige, en ce vendredi matin ensoleillé, dans la cour de l’ancienne ferme de ses grands-parents à Saint-Aubin-des-Bois (Calvados). Alexandre Gury y a installé il y a une dizaine d’années son atelier Art Fer Forge. En retrait, les deux aïeuls laissent pointer discrètement, réserve normande oblige, un peu de leur fierté.
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Un drone volette et grésille au-dessus des pommiers en fleurs. Au terme de mille heures de travail, la restauration de la croix monumentale est quasiment achevée. Il a fallu démonter, reforger, remonter. L’affaire n’était pas gagnée au départ. Estimant que c’était possible, Alexandre Gury a insisté pour que l’on restaure l’original, celle dessinée et installée sur la toiture de la cathédrale par Eugène Viollet-le-Duc, lors de la grande rénovation qu’il a menée au XIXe siècle. Et non pas que l’on en reconstruise une autre à l’identique. Par ce qui lui est arrivé, le soir de l’incendie du 15 avril 2019, la croix monumentale du chevet est devenue, en effet, hautement symbolique : c’est le seul éléme