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Le Libé des historien·nes

Robert Badinter au Panthéon : Condorcet, un colocataire idéal pour l’ancien garde des Sceaux

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De leurs combats à leur panthéonisation, l’avocat humaniste et le philosophe révolutionnaire, qu’il admirait profondément, ont de nombreux points communs.

Robert et Elisabeth Badinter devant la tombe de Condorcet au Panthéon, en 2001.  (Eric Feferberg/AFP)
Par
Antoine Lilti
Professeur au Collège de France
Publié le 08/10/2025 à 19h15

A l’occasion des Rendez-vous de l’histoire, qui se tiennent à Blois du 8 au 12 octobre 2025, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 9 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

En 1988, interrogé par Anne Sinclair sur la possibilité de faire entrer Condorcet au Panthéon, Robert Badinter répondait que l’événement lui semblait difficile, le corps du philosophe n’ayant jamais été retrouvé. Découvert mort dans sa cellule en 1794, après plusieurs jours d’errance désespérée sous une fausse identité, celui-ci avait été jeté dans la fosse commune du cimetière de Bourg-la-Reine (appelé alors Bourg-Egalité). Mais l’essentiel, affirmait le président du Conseil constitutionnel, était ailleurs : il souhaitait que Condorcet vécût à jamais dans le véritable Panthéon, la «mémoire collective».

L’année suivante, pourtant, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, Robert Badinter fut un des inspirateurs de la panthéonisation de Condorcet, décidée par François Mitterrand. Un subterfuge avait été trouvé, une simple plaque commémorative qui honorait la mémoire du grand homme. Aujourd’hui, c’est à côté de cette plaque