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Justice

Romans-sur-Isère : prison ferme pour six militants d’extrême droite

Agés de 18 à 25 ans, ils étaient jugés en comparution immédiate à Valence lundi 27 novembre. Ils ont participé au regroupement de samedi faisant suite à la mort de Thomas à Crépol. 31 militants d’extrême droite possédaient par ailleurs une liste des suspects avec leurs infos personnelles.
Déploiement policier le 26 novembre 2023 à Romans-sur-Isère avant une manifestation d'extrême droite. (Fabrice Hebrard/LE DAUPHINE/MAXPPP)
publié le 28 novembre 2023 à 9h11
(mis à jour le 28 novembre 2023 à 12h39)

«Quand on vient avec des bâtons on ne vient pas pour défendre une cause mais pour attaquer», a asséné la procureure de Valence, Vanina Lepaul-Ercole. Six militants d’extrême droite ont été condamnés lundi à des peines de six à dix mois de prison ferme pour avoir participé à la marche d’ultradroite organisée samedi 25 novembre, à Romans-sur-Isère, dans le sud de la France, en réaction à la mort de Thomas poignardé à la fin d’un bal.

Jugés en comparution immédiate, ces hommes, âgés de 18 à 25 ans, ont également été interdits de séjourner dans la Drôme et de détenir une arme pendant cinq ans. Sur le banc des accusés, se trouvaient un militaire, un développeur informatique et des étudiants qui ont raconté avoir été informés du rassemblement sur les réseaux sociaux, principalement TikTok. Tous ont minimisé leur participation.

Ces condamnations répondent en effet à un rassemblement samedi soir lors duquel une centaine de militants d’ultradroite cagoulés ont défilé dans un quartier d’où sont issus certains des suspects de l’attaque ayant causé la mort du jeune Thomas à Crépol, un village voisin.

Dans la matinée, France info et France Bleu Drôme Ardèche ont révélé avoir vu sur le portable d’un des militants d’extrême droite, un militant rouennais de la Division Martel, un groupuscule néonazi, une liste partagée par au moins 31 personnes. Les deux médias affirment qu’on y trouve les noms complets des principaux suspects du meurtre de Thomas, leurs adresses, numéros de téléphone, mais aussi les prénoms et noms des membres de leur famille habitant le quartier de la Monnaie. Une source sécuritaire haut placée avance à Libération l’hypothèse d’une porosité entre la mouvance d’extrême droite et des policiers ou gendarmes, qui pourrait notamment expliquer l’origine de cette liste.

Le parallèle Romans - Dublin

«Même si le nombre de militants n’est pas comparable, il y a eu une sorte d’inspiration. Les militants français avaient une attention toute particulière pour ce qui se passait à Dublin et faisaient un parallèle avec l’affaire de Crépol», qui a choqué le pays, relève une chercheuse spécialisée dans l’extrême droite Marion Jacquet-Vaillant. Jeudi dernier, quelque 500 émeutiers irlandais proches de l’extrême droite ont pris d’assaut un quartier de population immigrée, en représailles à une agression au couteau contre des enfants, perpétrée selon les rumeurs par un attaquant d’origine étrangère.

A Dublin comme à Romans-sur-Isère, «il y a des similitudes dans les procédés utilisés : mobilisation en force sur les réseaux sociaux, rumeurs sur les origines ethniques des suspects», souligne Romain Fargier, spécialiste des influenceurs d’ultra-droite sur internet. Les groupuscules qui mobilisent sur les réseaux «se greffent sur l’indignation publique, font monter des hashtags. Ils s’inspirent de l’Alt-right américaine», ajoute Romain Fargier. Galvanisés par un fait divers violent et «inspirés» par les émeutes de Dublin, les groupuscules d’ultradroite en France veulent mobiliser dans la rue, tandis que l’extrême droite politique profite du climat général pour tenter d’engranger des voix.

Mise à jour à 12h20 : avec la liste des infos des suspects du meurtre de Thomas et de leurs familles.