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Libération
Chronique «Aux petits soins»

2003-2024 : l’hôpital public toujours en crise, mais les soignants, eux, n’y croient plus

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A l’occasion de la rediffusion d’un documentaire de Stéphane Mercurio sur l’hôpital de Gonesse réalisé en 2003, retour sur les difficultés des établissements, que les autorités se révèlent incapables de résoudre.
Aux urgences du CHU de Nice, en août. (Laurent Carré/Libération)
publié le 16 janvier 2024 à 6h10

C’était il y a vingt et un ans, presque jour pour jour. Nous sommes en janvier 2003. Jean-François Mattei est ministre de la Santé et, à cette époque, les hôpitaux ne font pas encore les gros titres des journaux concernant leur effondrement annoncé. Pourtant, voilà que durant cet hiver, la documentariste Stéphane Mercurio – dont l’œuvre est rediffusée ces jours-ci à la Bibliothèque publique d’information centre Pompidou (1) – pose sa caméra dans les couloirs de l’hôpital de Gonesse (Val-d’Oise). Et son film, Hôpital aux bords de la crise de nerfs, est encore aujourd’hui ahurissant d’actualité. On dirait un disque rayé. Comme si rien ne s’était passé, et qu’en un peu plus de vingt ans, tout était resté en place. Les mêmes blocages, les mêmes impuissances, les mêmes désarrois. Mais avec une différence de taille : à l’époque, on était au bord du gouffre, mais on y croyait encore.

Première scène de ce documentaire, dans un couloir de l’hôpital. Une infirmière se prend la tête, elle cherche sur une liste les numéros des services, le téléphone collé à l’oreille. «On a six personnes à hospitaliser, et pas un lit de disponible.» En ce début d’année 2003, faute de personnel, 50 lits sont fermés. «On les appelle “les hébergés” : ce sont les patients qui sont hospitalisés dans d’autres services, faute de place. Là, en chirurgie