Pendant quelques instants, Laurent Viart reste mutique. Comme sidéré. Annonçant son arrivée à l’Ehpad Sainte-Marthe, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), ce dimanche matin, le médecin d’une soixantaine d’années vient de s’entendre répondre : «Ce n’est pas contre vous, mais nous avons reçu des directives du groupe pour ne pas vous laisser rentrer, sauf le mercredi, votre jour de consultation. Vous comprenez, je risque ma place», s’excuse sa collègue au bout du fil. Vingt ans que ce médecin soigne une grande part des quatre-vingt-trois résidents des lieux, dont l’écrasante majorité émarge à l’aide sociale. Quatre ans qu’il occupe la fonction de médecin coordinateur. Trois semaines qu’il en a démissionné – bien qu’il reste le médecin traitant des résidents. Dans la foulée, quatre autres membres du comité directeur (Codir) de l’Ehpad (qui en comporte six) se sont mis en arrêt de travail : l’infirmière référente, l’animatrice, la gouvernante et la psychologue. Mouvement qui fait suite au débarquement de la directrice de Sainte-Marthe.
Audit surprise
A l’origine de la crise, la non-reconduction du contrat à mi-temps de monsieur B., responsable de l’entretien et de la maintenance de l’Ehpad, le 31 décembre. «Ce poste était essentiel : il sortait les poubelles, s’occupait de réceptionner les livraisons, de passer la monobrosse dans nos locaux exigus et anciens», décrit Agathe (1), l’infirmière référente, ex-membre du Codir. «Nous avons décidé d’externaliser la gestion des déchets», j