Jean-Paul regarde l’heure. Puis jette un coup d’œil aux environs clairsemés de sa baraque à frites, où une dizaine de personnes, tout au plus, descendent des bières et croquent des fricadelles. «C’est une catastrophe. On ne s’attendait pas à un coup pareil, souffle le moustachu à la grosse bedaine. D’habitude, à cette heure-là, il y a déjà 50 ou 60 mètres de queue et on ne sait plus où donner de la tête. Là, c’est complètement vide.»
Dans deux heures à peine, Lens doit pourtant affronter Lille dans le stade Bollaert, à quelques mètres de là, dans un seizième de finale de Coupe de France que tout annonçait électrique. Le «derby du Nord», une rencontre à la saveur toujours particulière entre deux clubs de l’élite du football français, séparés d’à peine 40 kilomètres, dont les fans ont appris à se détester. «C’est notre ligue des champions à nous, glisse un fan un peu éméché. Le match des ouvriers contre les patrons.»
En temps normal, pour une telle affiche, les abords du stade grouilleraient de supporteurs, déambulant par milliers maillots sang et or sur le dos. Les chants se feraient entendre de loin et la fumée des fumigènes s’envolerait régulièrement dans le ciel. Mais en ce mardi soir, malgré l’enjeu, aucune scène de ce genre à l’horizon.
«C’est vraiment pathétique»
Depuis la veille, les jauges sont de retour dans les lieux accueillant du public pour freiner la progression du Covid-19. Désormais, les stades ne peuvent pas accueillir plus de 5 000 personnes, indépendamm