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A l’hôpital de Bobigny, Eric Soleilhet, animé par la réa

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La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Le logisticien du service de réanimation, quarante années de turbin à l’hôpital Avicenne en Seine-Saint-Denis, suscite l’admiration de ses pairs pour son travail depuis plus de deux ans de pandémie.
Le 25 janvier, Eric Soleilhet, au sein du service de réanimation de l'hôpital Avicenne à Bobigny, dans lequel il exerce depuis plus de trente ans. (Chloé Sharrock/Myop pour Libération)
publié le 14 février 2022 à 9h02

Eric Soleilhet, démarche de vieil ours, tapote des doigts et dorlote des yeux les machines à guérir qu’il croise. Dans les couloirs du service de réanimation de l’hôpital Avicenne, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), le logisticien prend soin des mains et du regard parce que les appareils à gros filtres, les blouses, les respirateurs, les cathéters ou les capteurs, c’est son affaire. C’est difficile de dire «je» mais il admet : «J’ai la totale maîtrise de tout.» Dans une aile du service, il y a un petit corridor, c’est comme le sien. Quatre ou cinq pièces, celle du poumon, du rein, du cœur, avec des étagères qu’il a rangées précieusement. Des dizaines de milliers d’euros de matériel reposent là. L’homme, jeune sexagénaire, a dévoué quarante ans de sa vie à Avicenne. Il affronte l’épidémie de Covid ici, seul pour gérer ces réserves où il se sent «comme chez lui». Il anticipe et épie. «Si j’ai peur de la responsabilité ? Non, pas du tout», assure-t-il. Sur un tableau, une écriture au feutre rouge demande : «Eric, peux-tu commander des tubes à prises de sang ?»

On avait rencontré l’homme une première fois en mai, dans son autre domicile, un appartement dans une résidence proprette à Bobigny. Omicron n’existait pas, delta n’avait pas encore percuté la France. «C’est l’un des héros cachés d’Avicenne», nous prévenait-on. Eric Soleilhet nous