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Libération
Mieux vaut prévenir que guérir

A l’OMS, l’accord mondial sur les pandémies adopté

Le texte a été entériné ce mardi 20 mai par l’assemblée mondiale des pays membres. Il instaure une coordination internationale pour prévenir les futures crises sanitaires.
Une patiente reçoit un traitement contre le mpox, ou «variole du singe», en république démocratique du Congo, en août 2024. (Arlette Bashizi/REUTERS)
publié le 20 mai 2025 à 9h04
(mis à jour le 20 mai 2025 à 9h54)

Un succès après trois années de négociations souvent difficiles. L’accord historique sur la prévention et la lutte contre les pandémies a été adopté ce mardi 20 mai au matin par l’assemblée mondiale des pays membres de l’Organisation mondiale de la santé. Il avait d’abord été validé en commission lundi soir. Une étape significative dans un contexte de coupes drastiques dans le budget de l’OMS, pourtant confrontée à des crises toujours plus nombreuses.

Il a été voté «par 124 voix contre 0 avec 11 abstentions», a déclaré la présidente de la commission, la ministre de la Santé de Namibie, Esperance Luvindao, à l’issue du scrutin à main levée demandé par la Slovaquie, au premier jour de la 78e assemblée mondiale de la santé qui se tient jusqu’au 27 mai à Genève.

Les Etats-Unis se sont toutefois retirés des négociations à la suite de la décision de Donald Trump de quitter l’OMS. Le pays n’a pas envoyé de délégué à l’assemblée, ni l’Argentine. Mais les Etats-Unis et le gel américain de l’aide internationale sont dans tous les esprits.

Le texte, finalisé le 16 avril par consensus, instaure une coordination mondiale plus précoce et plus efficace à la fois pour prévenir, détecter et répondre au risque pandémique et ce de manière plus rapide.

«La pandémie de Covid-19 a été un électrochoc. Elle nous a rappelé avec brutalité que les virus ne connaissent pas de frontières, qu’aucun pays aussi puissant soit-il ne peut affronter seul une crise sanitaire mondiale», a relevé l’ambassadrice française pour la santé mondiale, Anne-Claire Amprou, qui a coprésidé les négociations.

Accès équitable à la santé

L’accord vise à garantir un accès équitable aux produits de santé en cas de pandémie. Le sujet avait été au cœur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors de la pandémie de Covid-19, quand ils voyaient les pays riches s’accaparer les doses de vaccin et autres tests.

«En reconnaissant que la santé humaine, la santé animale et celle de l’environnement sont indissociables, nous agissons à la racine des pandémies» avec cet accord, a déclaré le ministre français de la Santé, Yannick Neuder, pendant l’assemblée.

Surtout, il établit un mécanisme «d’accès aux pathogènes et de partage des avantages qui permet un partage très rapide et systématique des informations sur l’émergence de pathogènes à potentiel pandémique», selon Anne-Claire Amprou.

«En retour, tout ce qu’on appelle les contre-mesures médicales, c’est-à-dire les produits de diagnostic, les médicaments pour des traitements ou les vaccins, qui seront produits sur la base de cette information partagée, seront aussi partagés», en partie, par les entreprises qui décident d’y participer, explique une source diplomatique française. Les détails du mécanisme doivent encore être négociés, d’ici mai 2026, afin que l’accord puisse être ratifié.

Dans le rouge

La réorganisation de l’OMS et ses finances vont également accaparer l’assemblée mondiale de la santé. L’administration Trump refuse de payer les cotisations convenues pour 2024 et 2025, tout en gelant pratiquement toute l’aide étrangère américaine.

Le chef de l’OMS a averti fin avril que les coupes budgétaires des Etats-Unis – historiquement de loin son plus grand donateur – laissaient les comptes de l’agence onusienne dans le rouge, la forçant à tailler dans ses opérations et son personnel. «Nous sommes confrontés à un déficit salarial s’élevant à plus de 500 millions de dollars pour le prochain exercice» 2026-2027, a indiqué Tedros Adhanom Ghebreyesus lundi. L’OMS cherche par conséquent à réduire de 25 % les dépenses liées aux salaires, et a déjà annoncé réduire l’équipe de direction de 14 à 7 personnes et le nombre de départements de 76 à 34.

Ces prochains jours, les pays devront se prononcer sur une augmentation des cotisations obligatoires à l’OMS, qui a dû réduire son budget biennal de 5,3 milliards de dollars à 4,2 milliards. Un montant «modeste», selon Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui a souligné que l’OMS allait devoir trouver 1,7 milliard de dollars, soit le budget d’un grand hôpital. Une réunion de donateurs est prévue mardi. La Suisse a mis sur la table lundi 80 millions de dollars.

Mise à jour : à 9 h 54, avec l’ajout de l’adoption de l’accord.