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Libération
Chronique «Aux petits soins»

A Millau, les larmes d’un psychiatre

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Pour des raisons purement administratives, un psychiatre à diplôme étranger a dû quitter la France, mettant en péril la survie de la psychiatrie dans le Sud-Aveyron, et cela au grand désespoir du médecin psychiatre.
A Millau. (Rieger Bertrand /Hemis. AFP)
publié le 11 juin 2024 à 8h05

C’était la semaine dernière, au cours d’une brève conférence de presse à Millau (Aveyron). Le Dr Jean-Dominique Gonzalez, psychiatre, chef emblématique du secteur à l’hôpital de Millau, expliquait que «c’était fini», que «[son] collègue a dû quitter le territoire français le 31 mai», et qu’il se retrouvait quasi seul, juste avec un autre médecin à diplôme étranger, pour tenir et suivre une population de près de 80 000 personnes. Cet homme solide avec une longue et forte expérience, exerçant la psychiatrie depuis plus de quarante ans, ayant accompagné de grands malades, s’est alors effondré. «J’ai craqué, nous dit-il. D’un coup, les larmes m’ont monté aux yeux. On avait essayé des solutions depuis un mois, et je me suis dit que l’on était dans un monde de fous. On est là, dans un combat juridique, à chercher des solutions, alors que notre travail, c’est le soin. C’est d’aider. Mais où est-on ? Car ce sont quand même les autorités de tutelle qui devraient faire quelque chose, c’est la préfecture qui devrait trouver une solution. Face à cette intransigeance, ma passion dans le service public s’est cassée. Cela m’a provoqué un effondrement intérieur, ce que je n’avais jamais connu.»

Puis il raconte : «Les Padhue (1), ces fameux médecins à diplôme étranger, c’est eux qui viennent nous aider, ce n’est pas l’inverse. S’ils n’étaient pas là, le système français s’effondrerait.» Cet homme d’ordinaire discret ajoute : «J’ai quitté la salle [de la c