Jamais depuis leur création en 1985 les Restos du cœur n’avaient connu telle situation. Lors d’une audition ce mercredi 4 octobre à l’Assemblée nationale, Jean-Yves Troy, le délégué général de l’association connue notamment pour permettre une aide alimentaire d’urgence aux plus précaires, a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme.
Son constat est simple : les Restos du cœur sont sous-dimensionnés pour faire face à la demande qui explose ces derniers mois et seront contraints, dès novembre, de «refuser du monde pour la première fois de [leur] histoire».
Aide alimentaire : "A partir de novembre, nous allons refuser du monde pour la première fois de l'histoire des Restos du Cœur", alerte le délégué général de l'association, @JyTroy, qui souligne le "côté massif et brutal" de la crise.
— LCP (@LCP) October 4, 2023
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Aujourd’hui, environ 1,3 million de personnes auraient besoin d’une aide alimentaire en France, soit «200 000 de plus en un an», soutient le responsable des Restos. L’association, qui s’appuie sur quelque 70 000 bénévoles réguliers et 30 000 ponctuels, assure ne pas être en mesure de distribuer les 170 millions de repas nécessaires pour aider tout le monde.
Les Restos du cœur - qui achète un tiers de la nourriture distribuée, le reste provenant de dons - sont frappés de plein fouet par l’énorme inflation alimentaire. «Quand on voit l’augmentation des prix sur l’année, les steaks hachés surgelés à +35 %, produits secs comme les pâtes à +10 ou 15 %, ça fait exploser notre bon fonctionnement», détaille Jean-Yves Troy. Dans un tel contexte, «les bénévoles sont à bout de souffle» et l’association est contrainte de réduire la voilure.
Reportage
L’association a donc annoncé dix mesures ces dernières semaines pour «freiner la machine». A commencer donc par des critères plus restrictifs excluant de fait un certain nombre de personnes qui bénéficient jusqu’à aujourd’hui de l’aide alimentaire. Début septembre, le président des Restos du cœur parlait d’environ 150 000 personnes qui allaient devoir être éconduites.
Par ailleurs, les portions de nourriture données seront aussi plus faibles. Des économies de bouts de chandelles, au détriment des plus précaires, pour permettre à l’association de boucler son budget annuel.
Si les Restos du cœur avaient déjà connu par le passé des hausses de la demande, notamment «en 2008 suite à la crise financière», jamais cette hausse n’avait été aussi «massive et brutale». Jean-Yves Troy s’est par ailleurs montré inquiet pour les prochains mois, espérant que cet hiver la générosité du grand public sera au rendez-vous.