Une nouvelle entrée dans la longue litanie d’agressions recensée dans les cabinets et hôpitaux français depuis quelques années. Des soignants d’une clinique de Villeurbanne, en banlieue lyonnaise, ont été agressés par les membres de la famille d’un patient et deux personnes ont été placées en garde à vue, a indiqué ce samedi 5 avril la préfecture du Rhône.
Les faits se sont produits jeudi soir peu avant 21 heures aux urgences de la clinique Médipôle de Villeurbanne, lorsque les membres de la famille d’un patient s’en sont pris à des soignants, a précisé la préfecture, confirmant une information de BFMTV Lyon.
Cinq plaintes déposées
Une fois encore, les agresseurs reprochaient aux soignants le temps d’attente pour la prise en charge de leur proche. Des membres du personnel auraient reçu des insultes, des menaces et des coups, avant que les agresseurs soient maîtrisés par la police et que deux d’entre eux soient placés en garde à vue.
Il s’agit de la mère et du fils du patient, qui doivent être déférés ce samedi après-midi en vue d’une audience de comparution immédiate qui aura lieu lundi 5 avril, a précisé le parquet de Lyon. «Non satisfaits des soins apportés à leur proche», ils s’en «sont pris à trois professionnels de santé et trois policiers», a-t-il ajouté. Cinq plaintes ont été déposées, trois par les soignants, deux par les policiers, a précisé la préfecture.
La mère est poursuivie des chefs de «violences sur professionnel de santé avec ITT inférieure ou égale à huit jours, outrage à personne chargée de mission de service public, menaces de mort à l’encontre d’un professionnel de santé». Le fils sera quant à lui jugé pour «outrage à personne dépositaire de l’autorité publique, rébellion, outrage à personne chargée de mission de service public et menaces de mort à l’encontre d’un professionnel de santé». Ils encourent tous deux cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.
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Cette nouvelle agression intervient alors que les personnels soignants alertent depuis de longs mois sur la violence croissante dont ils peuvent être victimes. En octobre, l’Ordre des médecins indiquait dans un rapport que les praticiens avaient fait état durant l’année 2023 de 1 581 violences et incidents, contre 1 244 un an plus tôt. «Cette hausse de 27 % est inédite depuis la création de l’observatoire en 2002, déplorait alors le coordinateur du rapport, le Dr Jean-Jacques Avrane. En l’espace de deux ans, les violences contre les médecins ont bondi de 50 %. C’est du jamais-vu.»
Infirmiers, aides-soignants ou kinés relatent des récits similaires, qui s’ajoutent à des conditions de travail déjà dégradées. Adoptée à l’unanimité à l’Assemblée avant la dissolution du 9 juin 2024, une proposition de loi prévoyant de durcir la sanction de ces actes envers les professionnels de santé attend depuis examinée au Sénat depuis un an. Elle sera normalement examinée le 6 mai.
Mise à jour le 5 avril à 17 heures avec des précisions sur les mis en cause et les chefs d’inculpation.