La question semble réglée, et cela risque de ne pas plaire à Bruno Retailleau. Interrogée sur franceinfo sur ce dispositif permettant aux sans-papiers d’accéder à des soins, Geneviève Darrieussecq a répondu : «Pas question de toucher à l’aide médicale d’État. […] C’est aussi une assurance sur la santé des Français pour éviter certaines contagions», a justifié la ministre médecin de la Santé. Geneviève Darrieussecq a ajouté : «Il ne faut pas avoir de tabou avec ce sujet, mais il ne faut pas créer des fantasmes.»
De quoi contredire le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. L’ancien sénateur Les Républicains avait laissé entendre la semaine dernière qu’il souhaitait en réduire le périmètre, et ne «s’interdisait pas de prendre, notamment par la voie réglementaire, un certain nombre de dispositions» sur le sujet souvent brandi comme ligne rouge par le camp présidentiel. Des propos qui contredisent également ceux de Michel Barnier. Mercredi sur France 2, le Premier ministre très à droite avait estimé qu’il était possible de «mieux gérer» l’AME et qu’il fallait «voir calmement les choses pour que ceux qui y ont droit puissent la recevoir».
466 000 bénéficiaires
«La santé des personnes exilées est à nouveau instrumentalisée pour venir alimenter des considérations de politique migratoire», a déploré SOS Racisme dans un communiqué commun rassemblant plusieurs associations, collectifs de personnes exilées, structures d’accueil et syndicats. Ces organisations appellent «à mettre fin à cette obsession migratoire xénophobe et dangereuse» et juge «intolérable de vouloir priver des enfants de l’accès aux soins», notant que «environ un quart des bénéficiaires de l’AME sont mineurs». L’ensemble de ces organisations défend «une politique migratoire d’accueil et de solidarité» et s’opposera à «toute nouvelle dégradation des droits des personnes exilées».
Chronique «Aux petits soins»
En 2024, l’enveloppe de l’AME prévue par l’Etat s’établit à 1,2 milliard d’euros, soit environ 0,5 % des dépenses de santé prévues par le budget de la Sécu (PLFSS). Fin 2023, on comptait 466 000 bénéficiaires. Cette aide concerne les soins médicaux et dentaires, les médicaments remboursés, les frais d’analyses et d’hospitalisation, ainsi que ceux afférents à certaines vaccinations et certains dépistages, à la contraception et l’IVG.