Diagnostiquer Alzheimer avec une simple prise de sang ? Le Japon autorise l’entreprise locale Sysmex Corporation la mise sur le marché japonais de son outil de diagnostic. L’entreprise assure que son système permet de mesurer en à peine plus d’un quart d’heure le niveau d’accumulation dans le sang de la protéine bêta-amyloïde, l’un des principaux biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer.
Dans les tests diagnostics actuels, cette mesure s’effectue dans le liquide céphalo-rachidien prélevé à l’aide d’une ponction lombaire. Une autre méthode de détection de la maladie nécessite de passer un scanner… Cette nouvelle approche est donc bien moins invasive et moins coûteuse.
D’autres tests sanguins sont en développement ailleurs dans le monde ou attendent des autorisations de mise sur le marché. Le défi consiste à détecter des protéines caractéristiques d’Alzheimer (amyloïde ou tau) alors qu’elles sont présentes en très petite quantité dans le sang.
«Besoin urgent»
«Il y a un besoin urgent d’outils de diagnostic simples, bon marché, non-invasifs et facilement accessibles» pour améliorer le dépistage précoce d’Alzheimer, souligne sur son site l’ONG américaine Alzheimer’s Association. Dans le futur, des tests sanguins «vont très probablement révolutionner le processus de diagnostic d’Alzheimer et de toutes les autres démences», selon cette ONG.
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Un enthousiasme à tempérer. Il n’existe à ce jour pas de traitement efficace contre la maladie d’Alzheimer. Ceci dit, le développement de ce test diagnostic entre en écho avec les résultats récents du lecanemab. Ce nouveau médicament fait état d’une efficacité pour ralentir de 27 % le déclin cognitif des patients atteints de la maladie neurodégénérative. Mais des effets indésirables, parfois sévères, ont aussi été documentés.
Des millions de patients
Ce médicament est développé par le groupe pharmaceutique américain Biogen en partenariat avec le japonais Eisai lui même partenaire de Sysmex. Comme il doit être administré dans la phase précoce de la maladie, le coupler avec un test diagnostic rapide serait donc tout à fait cohérent.
«Si un jour, on peut utiliser ce médicament, il ne sera pas prescrit à tous les patients. il est utile en phase très précoce pour limiter la perte des neurones», explique à Libération Philippe Amouyel, le directeur général de la fondation Alzheimer. Dès lors, le test et le médicament pourraient fonctionner main dans la main. L’espoir est immense.
Plus de 55 millions de personnes dans le monde souffrent de démence, un nombre qui devrait grimper à 130 millions d’ici 2050 avec l’augmentation de l’espérance de vie, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La maladie d’Alzheimer représente environ 60 à 70 % des cas. La démence est un problème majeur de santé publique au Japon, le pays le plus âgé au monde (29,1 % de ses habitants étaient âgés de 65 ans et plus en 2022, un nouveau record).