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Reportage

Arrêts maladie en cascade aux urgences de Thionville : «Il faut redonner du sens à ce qu’on fait»

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En burn-out, et pour protester contre le manque de moyens, 54 des 59 infirmiers et aides-soignants de l’établissement mosellan sont arrêtés.
Les conditions de travail et des salaires, près de deux fois inférieurs à ceux pratiqués au Luxembourg, à 30 km de là, poussent les soignants de Thionville à se mettre massivement en arrêt maladie. (Mathieu Cugnot/Libération)
par Ophélie Gobinet, Envoyée spéciale à Thionville (Moselle)
publié le 6 janvier 2023 à 10h54

Le vent glacial transperce les manteaux mais c’est en manches courtes et en blouse blanche que Lily (1) prend sa pause, cigarette à la main. L’aide-soignante d’une cinquantaine d’années est brancardière à l’hôpital Bel-Air de Thionville (Moselle). Posée en haut de l’escalier en métal, elle évoque ses collègues des urgences. «Ce qu’ils ont fait ? Je trouve ça magnifique», affirme-t-elle dans un sourire. Le 30 décembre, 54 infirmiers et aides-soignants sur 59 des urgences adultes ont été placés en arrêt maladie. Certains sur décision des médecins des urgences eux-mêmes. Un burn-out collectif. Beaucoup de soignants n’ont même plus la force de s’exprimer. «J’ai déjà craqué devant des patients. On ne sait plus où se mettre quand les larmes coulent alors que ce sont eux qui souffrent et qui sont là pour être soignés», raconte Chloé Rodier, 22 ans. La jeune femme brune, actuellement en arrêt, est infirmière depuis six mois aux urgences de Bel-Air.

Une détresse professionnelle latente depuis de nombreux mois dans un contexte de triple épidémie lié à la grippe, à la bronchiolite et au Covid-19, qui a entraîné «des prises en soins aux urgences puis en hospitalisation d’un nombre de personnes nettement plus important que d’habitude à cette période», selon un communiqué diffusé le 31 décembre par la direction du