Perché sur une petite colline à la sortie de Pointe-à-Pitre, le centre hospitalier de Guadeloupe est coupé en deux depuis des semaines. En haut, le personnel vacciné (ou qui a été contaminé par le Covid-19 au cours des six derniers mois) qui continue non sans mal de travailler. En bas, les travailleurs suspendus pour avoir refusé de se faire vacciner, auxquels s’ajoutent régulièrement des manifestants venus les défendre, syndicalistes et pompiers en tête. Ils sont près de 600, sans compter ceux qui se sont mis en arrêt maladie pour éviter la suspension, à ne plus pouvoir exercer dans le plus grand hôpital de Guadeloupe. Une cinquantaine continue à venir chaque jour devant l’édifice pour manifester son mécontentement, se répartissant par services sous des barnums. Ce jeudi matin, les abords du centre hospitalier sont étonnamment calmes.
«Nous voulons avoir la liberté de prendre cette décision.»
Aux aurores, l’entrée, régulièrement obstruée ces derniers jours par les opposants à l’obligation vaccinale, a été dégagée par une dizaine de policiers. Pour éviter tout nouveau blocage, les forces de l’ordre sont restées sur place, continuant de faire le pied de grue devant les grilles du bâtiment. Ici, «c’est la République des suspendus», sourit ironiquement Anne, la quarantaine, assise sur une chaise avec plusieurs de ses collègues. Sur le tee-shirt rouge qu’elle porte sur les épaules, on peut lire en créole : «Nous ne voulons pas, on ne se laissera pas piquer.» Suspendue depuis le 3 novembre, la pharmacienne s’explique : «N