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Handicap

Autisme : ce que contient la nouvelle stratégie nationale dévoilée par Emmanuel Macron

Le handicap au quotidiendossier
Diagnostic «systématique» des enfants, «carnet de santé enrichi»… Lors d’un déplacement à la nouvelle Maison de l’autisme à Aubervilliers ce mardi 14 novembre, le président de la République a fait des annonces sur les troubles du neurodéveloppement.
Emmanuel Macron discutait avec un garçon au sein du pôle Trouble du spectre de l'autisme du centre hospitalier Alpes-Isère, le 2 avril 2021. (Jeff Pachoud/AFP)
publié le 14 novembre 2023 à 15h27
(mis à jour le 14 novembre 2023 à 19h43)

C’est un handicap qui touche 700 000 personnes en France. Attendu ce mardi 14 novembre dans l’après-midi à la nouvelle Maison de l’autisme à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Emmanuel Macron a fait plusieurs annonces sur les troubles du neurodéveloppement (TND). Un montant global – revu à la hausse – de 680 millions d’euros doit être consacré à ce nouveau plan, contre 345 millions engagés lors de la précédente stratégie 2018-2022.

Au-delà de l’autisme, le plan 2023-2027 est en effet élargi aux troubles du neurodéveloppement, notamment ceux du développement intellectuel (TDI) ou du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ils incluent aussi les multiples troubles dys : dyslexie, dyscalculie, dysgraphie, dysphasie, dyspraxie. Selon les études scientifiques internationales, la prévalence de ces troubles augmente dans les pays occidentaux et ils pourraient toucher aujourd’hui jusqu’à une personne sur six.

Le Président a annoncé un un repérage «systématique» des «écarts de développement» de tous les enfants de la naissance jusqu’à l’âge de 6 ans, lors des visites médicales obligatoires chez les médecins généralistes ou pédiatres, ainsi qu’à l’école maternelle. Une grille de repérage sera incluse dans le carnet de santé.

«Une grille simplifiée de repérage des écarts du développement devrait bientôt être inscrite dans ce carnet de santé», avait plus tôt dans la journée précisé Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées dans une interview au Figaro. «Comme la courbe de poids ou le suivi des vaccins, il faut pouvoir se pencher de manière attentive et précise sur ce développement lors de chaque examen obligatoire de santé. Ce premier repérage permettra de diriger le plus tôt possible les enfants vers les plateformes de coordination et d’orientation en cas de doute», a-t-elle détaillé.

Dans la centaine de plateformes de coordination et d’orientation (PCO) créées depuis 2019, ce sont 55 000 enfants qui ont été repérés pour des écarts de développement et accompagnés jusqu’au diagnostic.

Doubler le nombre de classes adaptées

Actuellement, 45 000 enfants autistes sont scolarisés à l’école ordinaire, selon la délégation interministérielle. L’objectif de l’exécutif est de donner un «coup d’accélérateur» à leur scolarisation. Pour les accueillir, le chef de l’Etat a aussi annoncé un «quasi-doublement» des dispositifs destinés à ces enfants aux besoins spécifiques par rapport aux 410 créés entre 2018 et 2023. Un nombre qu’Emmanuel Macron espère donc doubler d’ici à 2027.

Un effort sera en outre mis sur la formation, depuis les personnels de crèches jusqu’aux enseignants ou soignants. Les professionnels de santé ou médico-sociaux pourront aller dans les écoles pour «éviter aux parents de courir aux rendez-vous», selon l’Elysée. Emmanuel Macron entend éviter des «accompagnements inadaptés» basés sur des «doctrines devenues caduques».

Autre volet très attendu par les familles : l’amélioration de la qualité des interventions, notamment dans les établissements et dispositifs médico-sociaux, doit figurer dans le nouveau plan de l’exécutif. Dorénavant, les crédits des nouveaux projets ne devront être accordés qu’à ceux «qui répondent aux recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de santé», note l’Elysée.

Un sixième centre d’excellence

Depuis la précédente stratégie, l’exécutif a mis l’accent sur la recherche pour améliorer les connaissances sur l’autisme et la qualité de la prise en charge médicale et des interventions médico-sociales, en diffusant ces connaissances auprès des professionnels.

Le Président a également annoncé la création d’un «sixième centre d’excellence» – en plus de ceux existant déjà à Paris, Lyon, Montpellier, Tours et Strasbourg – et le déblocage de «crédits supplémentaires pour financer de nouvelles recherches».

L’ensemble de cette nouvelle stratégie, élaborée en concertation avec les associations, a fait l’objet au printemps d’une consultation citoyenne. Elle a donné lieu à 10 000 contributions et 96 000 votes.