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Antivax

Aux Etats-Unis, le ministre de la Santé affirme que les limogeages de scientifiques sont «indispensables»

Convoqué par la commission des finances du Sénat américain, Robert Kennedy Jr. a expliqué ce jeudi 4 septembre pourquoi il avait renvoyé la directrice de la principale agence de santé américaine.

Robert Kennedy Jr. devant la commission des finances du Sénat américain, à Washington, ce jeudi. (Jonathan Ernst/Reuters)
Publié le 04/09/2025 à 17h58

«Du sang neuf.» Le secrétaire américain à la Santé, Robert Kennedy Jr., a comparu ce jeudi 4 septembre devant la commission des finances du Sénat américain, afin de s’expliquer sur les récentes agitations survenues au sein des agences fédérales de santé. Pressé de questions, l’antivax a notamment dû se justifier sur le renvoi la semaine dernière de la directrice de la principale agence de santé américaine, Susan Monarez, accompagné de nombreuses suppressions d’emplois dans les centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).

«Ils n’ont pas fait leur travail, a rétorqué le conspirationniste notoire. Leur travail consistait à nous garder en bonne santé. Je dois licencier certaines de ces personnes pour m’assurer que cela ne se reproduira plus.» Ces licenciements sont des «ajustements absolument nécessaires pour redonner à l’agence son rôle d’étalon-or mondial», a-t-il assuré, appelant à du «sang neuf» dans les CDC. Plusieurs hauts responsables de l’agence sanitaire ont démissionné en signe de protestation, plongeant les CDC dans la tourmente.

Le controversé secrétaire d’Etat a ensuite dénoncé la politique sanitaire menée durant la pandémie de Covid-19, qui selon lui a été mise en œuvre «sans aucune science et avec une inégalité économique accrue». Avant de vanter l’ivermectine et l’hydroxychloroquine comme des «traitements» contre le virus, malgré le fait que l’efficacité de ces deux médicaments pour prévenir ou traiter le Covid-19 n’a jamais été démontrée scientifiquement.

«Vous êtes un charlatan»

En face, Robert Kennedy Jr. a été accusé par plusieurs sénateurs démocrates d’avoir menti en début d’année sous serment en s’engageant devant les parlementaires à respecter la science et soutenant qu’il n’empêcherait pas l’accès des Américains aux vaccins. «Monsieur, vous êtes un charlatan, voilà ce que vous êtes», a tonné la sénatrice démocrate Maria Cantwell. «Il est dans l’intérêt du pays que Robert Kennedy Jr démissionne, et s’il ne le fait pas, Donald Trump devrait le licencier avant qu’il y ait d’autres victimes», a de son côté exhorté le sénateur Ron Wyden, un autre démocrate.

Depuis son entrée en fonctions, Robert Kennedy Jr. a amorcé une profonde refonte des agences sanitaires américaines et de la politique vaccinale du pays, limogeant des experts réputés, restreignant l’accès aux vaccins contre le Covid-19 ou coupant des fonds au développement de nouveaux vaccins. Des mesures souvent prises à l’encontre du consensus scientifique et fustigées par des experts extérieurs.

Lundi, dans une lettre ouverte publiée par le New York Times, neuf anciens directeurs et directrices des CDC, ayant officié entre 1977 et 2025, ont alerté sur la politique mise en œuvre par Robert Kennedy Jr – suivis par plus d’un millier d’employés et d’anciens salariés du ministère qui l’ont appelé à démissionner. «Ce qu’il a fait aux CDC et au système de santé national – surtout en décidant de remercier Susan Monarez de son poste de directrice – ne ressemble à rien de ce que nous avons vu à l’agence et à rien de ce que notre pays a traversé», écrivaient-ils. Et d’avertir : «Nous avons dirigé les CDC : Kennedy met en danger la santé de tous les Américains.»

Mis à jour à 18 h 30 avec les déclarations des sénateurs démocrates.