Les pharmaciens d’officine ont obtenu la suspension temporaire d’une mesure réduisant les remises commerciales possibles sur les génériques contre laquelle ils protestent ardemment depuis cet été, a annoncé mercredi la principale organisation syndicale du secteur.
«A l’occasion d’une rencontre avec les deux syndicats représentatifs de la profession, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé la suspension, pour une durée de trois mois, de l’arrêté abaissant le plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques», selon un communiqué de la Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF), syndicat majoritaire. «C’est une victoire d’étape pour les pharmaciens dont la forte mobilisation a, dans l’immédiat, porté ses fruits», s’est réjouie l’organisation.
Dans un message posté sur X dans la soirée, le Premier ministre Sébastien Lecornu a salué «l’accord» trouvé suite aux négociations avec l’Ordre des pharmaciens et les syndicats représentatifs de la profession. «En accord avec les représentants des pharmaciens, j’ai décidé de suspendre pour au moins trois mois l’arrêté pris en août dernier qui abaissait les remises sur les médicaments génériques», a fait savoir Sébastien Lecornu.
L’arrêté publié le 6 août avait plafonné dès début septembre les remises commerciales sur les médicaments génériques à 30 % du prix de ces produits au lieu de 40 % auparavant. Ce plafond devait encore diminuer progressivement pour atteindre 20 % début juillet 2027.
Diagnostics, prescriptions, renouvellement ou prolongations d’ordonnances
Le texte avait déclenché dès cet été une levée de boucliers chez les pharmaciens pour lesquels les remises, qui ont pour but d’encourager la dispensation de médicaments génériques, moins chers que les originaux, génèrent une source significative de leurs revenus.
Sa suspension est assortie, selon le communiqué, d’une mission confiée à l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale des finances (IGF) dont les conclusions «donneront lieu à de nouvelles propositions du gouvernement» concernant le modèle économique officinal.
En outre, «les 900 officines en difficulté situées dans les territoires ruraux et dépourvues de médecins généralistes feront l’objet d’un accompagnement prioritaire, par des aides financières et le développement de missions de soins de proximité», ajoute la FSPF. Une annonce précisée par Sébastien Lecornu : «pour renforcer l’offre de soins de proximité, notamment dans le cadre du nouveau plan France Santé, les pharmaciens de 900 officines rurales proposeront davantage d’actes : diagnostics, prescriptions, renouvellement ou prolongations d’ordonnances.»
En contrepartie de cette suspension actée, les pharmaciens se sont donc engagés à prendre en charge des patients se présentant en officine pour «les maux du quotidien» telles que des petites plaies ou brûlures, dans des communes dénuées de médecins, selon le président de la FSPF, Philippe Besset.
Depuis plusieurs mois, les pharmaciens sont mobilisés (grèves des gardes avec refus du tiers payant en cas de réquisition, fermeture le 16 août puis grève massive le 18 septembre) afin d’alerter sur les conséquences de cette mesure sur l’emploi. Ils pointent des risques de fermetures des officines les plus fragiles, particulièrement en zone rurale.