C’est aussi une sorte de rentrée : la nouvelle campagne d’immunisation contre la bronchiolite des nourrissons débute. Le Beyfortus, traitement préventif qui a rencontré une forte adhésion auprès des parents l’année passée, a commencé à être distribué en pharmacie le 26 août et est proposé en maternité depuis le 15 septembre. Nouveauté cette année : l’Abrysvo, vaccin administré aux femmes enceintes, recommandé en juin par les autorités de santé, disponible dans les officines depuis début septembre. «Ce qui est important, c’est que l’enfant puisse être protégé le plus vite possible après la naissance, soit par sa maman qui fabrique les anticorps et les lui transmet, soit en étant immunisé dans les jours qui suivent sa naissance. Ces deux stratégies sont équivalentes», a insisté ce 16 septembre Christèle Gras le Guen, pédiatre cheffe de service au CHU de Nantes.
L’année dernière, la France organisait sa première large campagne d’immunisation contre la bronchiolite. Et avec elle l’espoir de réduire les formes sévères de cette maladie respiratoire, qui touche chaque année 30 % des nourrissons de moins de 2 ans et entraîne des milliers d’hospitalisations. Administré à 250 000 enfants, le Beyfortus a rempli ses promesses : l’anticorps monoclonal de Sanofi et Astrazeneca, qui apporte directement au nourrisson de quoi se défendre, s’est révélé largement efficace. Il a permis de prévenir entre 76 % et 81 % des formes graves de la maladie, et d’éviter 5800 hospitalisations, dont plus de 4000 chez des enfants de deux mois et moins, selon les calculs d’études de Santé publique France et de l’Institut Pasteur.
A lire aussi
Il est accessible en pharmacie depuis le 26 août, sur prescription d’un médecin ou d’une sage-femme. Il est destiné aux nourrissons qui vont vivre leur première saison de circulation du virus responsable de la maladie, nés à partir de janvier 2024 (du 1er février pour la Réunion et la Guadeloupe, et du 15 mars pour Mayotte), précise la Direction générale dans la Santé dans un message adressé aux professionnels. L’immunisation dans les cabinets de ville sert surtout de «rattrapage» pour ceux qui n’auraient pas pu avoir le traitement. Parce que les très jeunes bébés, âgés de quelques semaines, sont le plus à risques d’être hospitalisés en réanimation, il est préférable que le Beyfortus leur soit administré le plus tôt possible, avant la moindre exposition au virus. Et donc avant leur sortie de maternité.
Pour éviter les pénuries connues l’année dernière qui avaient contraint à réserver la distribution aux maternités, près de 600 000 doses sont mises à disposition cette année, indique Sanofi. Soit plus du double de 2023. Les établissements de santé peuvent le proposer gratuitement depuis ce dimanche. Il n’est en revanche remboursé qu’à 30 % par l’Assurance maladie s’il est acheté en pharmacie - le reste, pris en charge par certaines mutuelles, s’élève à plus de 280 euros pour les deux doses.
Un nouveau vaccin administré aux femmes enceintes
Pour maximiser cette protection, la campagne se renforce cette année avec une autre option : le vaccin Abrysvo. Cette fois commercialisé par Pfizer, il est administré aux femmes enceintes pour protéger leur enfant dès leur naissance. Les anticorps neutralisants qu’elles produisent sont transférés à leur futur bébé par le placenta. Selon la principale étude soutenue par le laboratoire (et publiée dans le New England Journal of Medicine), il permet de réduire les infections respiratoires sévères liées au VRS de plus de 81 % dans les trois mois suivant la naissance, et près de 70 % à six mois.
La Haute Autorité de santé, qui a reconnu son intérêt en juin, recommande son administration aux mères entre la fin de leur septième et leur huitième mois de grossesse. Interrogé dans le Quotidien du pharmacien fin août, le directeur de la division vaccins de Pfizer, David Lepoittevin, affirmait que «les officines pourront commencer à [le] délivrer à partir du 2 septembre». Il est intégralement remboursé par l’Assurance maladie.
Choisir une stratégie
Les deux traitements ne se cumulent pas. Les parents doivent choisir l’une ou l’autre stratégie, s’ils souhaitent immuniser leur enfant – rien n’est obligatoire. «Accroître l’arsenal thérapeutique avec des administration différentes est intéressant pour toucher plus de monde : des parents peuvent préférer que la mère se fasse vacciner plutôt qu’injecter le traitement à leur nouveau-né», a souligné Sarah Sauneron, directrice générale adjointe de la Santé, lors d’un point presse ce lundi.
Le Beyfortus présente l’avantage d’avoir déjà prouvé son efficacité ainsi que sa sécurité en vie réelle la saison précédente, et peut être administré jusqu’à 2 ans pour les enfants les plus fragiles. Mais l’injection doit être réalisée le plus tôt possible. Le problème ne se pose pas pour la vaccination maternelle avec l’Abrysvo, puisque le nouveau-né est protégé dès sa naissance, sans besoin d’avoir lui-même une injection. Toutefois l’efficacité du traitement s’atténue au fil du temps.
La HAS privilégie «le choix éclairé des parents»… mais préconise tout de même le Beyfortus si la mère est immunodéprimée, si elle a déjà reçu le vaccin lors d’une grossesse précédente ou si l’intervalle de quatorze jours entre la vaccination et la naissance ne peut être respecté. En pratique, le nombre de doses disponibles – surtout s’il venait à en manquer – pourrait logiquement entraîner des priorisations pour l’un ou l’autre traitement.
De manière plus spécifique, le Synagis d’AstraZeneca existe depuis longtemps mais est réservé aux bébés à haut risque de complications, prématurés ou atteints de maladies chroniques, et administré en établissement hospitalier.
A noter qu’une autre campagne de vaccination contre la bronchiolite devrait se dérouler en parallèle, cette fois pour les plus de 75 ans (ou plus de 65 ans avec des pathologies cardiaques ou respiratoires), chez qui la maladie peut aussi entraîner de graves complications.
Mise à jour : ce lundi 16 septembre avec le lancement effectif de la campagne.