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Cancer du col de l’utérus : une courte chimiothérapie avant le traitement standard réduit le risque de décès de 40 %, selon des chercheurs

Ce nouveau plan de traitement qui débute par six semaines de chimiothérapie réduit aussi de 35 % le risque de récidive, selon les résultats de l’essai d’une équipe de l’University College de Londres, publiés dans «The Lancet» le 14 octobre.
Trois mille femmes en France déclarent un cancer du col de l'utérus par an. (SPL/Sciencephoto)
publié le 15 octobre 2024 à 12h49

Des résultats prometteurs dans le traitement du cancer du col de l’utérus, qui tue chaque année 350 000 personnes à travers le monde. Les résultats de l’essai clinique Interlace des chercheurs de l’University College de Londres, publiés le 14 octobre dans The Lancet, ont montré que l’administration d’une chimiothérapie de courte durée avant le début du traitement standard réduit le risque de décès de 40 %. Autre résultat important : ce nouveau plan de traitement diminue de 35 % le risque de récidive.

Comme le rappelle l’Institut Curie, le traitement de cette pathologie «repose prioritairement sur la chirurgie, plus ou moins étendue selon le stade de la tumeur». Sauf que l’opération concerne «principalement» les patientes prises en charge avec un cancer précoce. Lorsqu’il est localement avancé – c’est-à-dire qu’il a atteint le vagin, la vessie, le rectum… –, la prise en charge médicale consiste généralement à associer radiothérapie et chimiothérapie. Cette radio-chimiothérapie «vise à renforcer l’efficacité de chacun des traitements».

80 % des patientes en vie après cinq ans

Grâce à la courte chimiothérapie préalable testée par l’équipe britannique, les ont observé «le gain de survie le plus important depuis l’adoption de la radio-chimiothérapie, s’est félicité auprès du Guardian Mary McCormack, autrice principal de l’étude. Toute amélioration de la survie d’une patiente atteinte d’un cancer est importante, en particulier lorsque le traitement est bien toléré et administré pendant une période relativement courte, ce qui permet aux femmes de reprendre leur vie normale assez rapidement». En France, le cancer du col de l’utérus est le 11e plus fréquent chez les femmes et en tue un peu plus d’un millier chaque année. Il se développe dans la muqueuse de la partie basse de l’organe et est lié dans la majorité des cas à une infection par les papillomavirus humains (HPV) – que la vaccination permet d’éviter.

Ce traitement a été mis en place en 1999 : l’ambition de nombreux scientifiques est de l’améliorer. L’équipe de l’University College de Londres s’est, elle, penchée sur l’intérêt d’ajouter six semaines de chimio avant la radio-chimiothérapie. Dans l’essai qu’ils viennent de publier, ils ont testé leur nouveau plan de traitement sur 500 patientes, la moitié âgée d’au moins 46 ans et suivies entre 2012 et 2022. Elles étaient soignées dans 32 centres internationaux : les trois quarts se trouvaient au Royaume-Uni, le reste en Italie, Inde, Brésil et Mexique. Parmi elles, 250 ont reçu une première chimiothérapie, dite d’induction, qui consistait en une administration de carboplatine et de paclitaxel - combinaison de médicaments couramment utilisée en cancérologie. Après six semaines, une autre chimio à base de cisplatine, couplée à de la radiothérapie, leur a été administrée - qui correspond au traitement standard. Le groupe contrôle n’a été traité qu’avec celui-ci.

Après cinq ans, 80 % des patientes soignées avec le nouveau plan de traitement étaient en vie ; 73 % n’avaient pas vu leur cancer réapparaître ou se propager davantage. Ces nombres s’élevaient à respectivement 72 % et 64 % pour les personnes ayant reçu un traitement standard – taux similaires à ceux notés dans d’autres études majeures sur le cancer du col de l’utérus localement avancé. A noter, toutefois, que «les patientes à risque le plus élevé» n’ont pas été incluses dans cet essai, comme le reconnaissent les auteurs de l’étude.

Progrès de l’immunothérapie salués

Forte de ces résultats prometteurs, l’équipe britannique plaide pour l’intégration de ce plan de traitement dans les normes de soins. «Non seulement cela peut réduire les risques de récidive du cancer, mais cela peut être administré rapidement à l’aide de médicaments déjà disponibles dans le monde entier», insiste Ian Foulkes, directeur exécutif de la recherche et de l’innovation chez Cancer Research UKcentre de recherche et association caritative spécialisée qui a participé au financement de l’essai.

D’autant que «20 % des patients [de l’essai] ont été traités au Mexique, pays à revenu intermédiaire […] ce qui montre la faisabilité probable de cette stratégie à échelle mondiale», notent les auteurs de l’étude. A condition de respecter un «calendrier strict» pour conserver un court intervalle entre la première chimiothérapie et la radio-chimiothérapie (dans l’essai, il était de sept jours ou moins pour 78 % des patientes). «Le timing est primordial dans le traitement du cancer», rappelle Ian Foulkes.

Ces résultats, déjà présentés de manière préliminaire il y a un an, s’ajoutent à d’autres avancées dans les traitements de ces cancers. L’exemple en septembre, au congrès de l’Esmo à Barcelone, grande messe de la société européenne d’oncologie médicale : la flopée de cancérologues réunie sur place avait largement salué les progrès de l’immunothérapie. En complément du traitement habituel, elle avait permis d’augmenter de 8 % l’espérance de vie des patientes souffrant d’un cancer du col localement avancé. De quoi ajouter peu plus d’espoir dans le traitement de cette pathologie, qui, en France, concerne 3 000 nouvelles femmes chaque année.