«Quand ma médecin a annoncé mon cancer, j’étais enceinte de six mois. C’était difficile de porter la vie et la mort en même temps.» Ce jour-là, Nelly avait 34 ans ; elle en a désormais 39. Après plus de quatre années de maladie, elle suit toujours une chimio deux lundis sur trois : son cancer est sous contrôle, mais elle n’arrêtera jamais les traitements. Ses cheveux blonds au carré retombent en une petite frange sur son front – «c’est une perruque». Elle a bien essayé le foulard pour assumer son crâne nu, mais elle préfère passer «incognito» en public. Ce qui illumine surtout son visage, c’est la joie de voir grandir son garçon et sa fille – la maladie n’a pas empêché sa naissance, déclenchée plus tôt pour commencer les soins.
Nelly fait partie des 5 % de femmes de moins de 40 ans diagnostiquées d’un cancer du sein, sur les quelque 60 000 détectés chaque année en France. «Soit 3 000 femmes par an», insiste Florence Coussy, gynéco-oncologue à l’Institut Curie. Leurs traitements ressemblent globalement à ceux des femmes plus âgées. Mais l’âge est «un facteur pronostic» : la survie à cinq ans s’élève à «92-93 % chez les 45-74 ans, et est plus faible, 90 %, chez les moins de 45 ans», détaille la praticienne. Il n’est pas facile de l’expliquer. On sait tout de même que les formes de cancer chez les jeunes sont souvent plus agre