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Climat

Canicule : 16 600 morts cet été en Europe, imputables au réchauffement climatique

Selon une étude britannique, les vagues de chaleur de l’été 2025 ont causé 24 400 morts en Europe dont deux tiers attribuables aux émissions humaines.

Une usine de pâte à papier au pied des Pyrénées. (Arnaud Chonchon/Hans Lucas via AFP)
Publié le 17/09/2025 à 12h01

Emettre des gaz à effet de serre tue. Selon une estimation des chercheurs de l’Imperial College de Londres publiée ce mercredi 17 septembre, les vagues de chaleur de cet été ont tué 24 400 personnes dans les 854 villes européennes analysées. «Si nous n’avions pas continué à brûler des combustibles fossiles au cours des dernières décennies, la plupart des quelque 24 400 personnes en Europe n’auraient pas trouvé la mort cet été», affirme Friederike Otto, professeure de sciences du climat et co-autrice de l’étude.

Plus précisément, les chercheurs estiment que 16 600 morts, soit les deux tiers, sont imputables au réchauffement climatique. Ceci est encore un résultat des sciences dites de l’attribution. A chaque événement extrême, les scientifiques s’astreignent à définir dans quelle mesure celui-ci a été provoqué ou amplifié par les activités humaines. Leur approche et leurs résultats s’affinent de plus en plus.

Dans leur dernière analyse publiée, ils ont procédé en plusieurs étapes. D’abord, il a fallu définir, pour chaque ville, quel a été le rôle du réchauffement climatique dans les pics de chaleur. Selon leur résultat, ce dernier a augmenté la température de 2,2 °C en moyenne mais jusqu’à 3,6 °C dans certaines villes. En l’absence de réchauffement climatique, l’Europe aurait pu connaître une vague de chaleur (c’est la variabilité naturelle), mais elle aurait été moins extrême.

«Les vagues de chaleur sont des tueurs silencieux»

Ensuite, les chercheurs se sont appuyés sur des modèles d’épidémiologie éprouvés pour estimer à quelle mortalité s’attendre étant donné les niveaux de température constatés. Le rapport n’a pas été relu par d’autres chercheurs avant publication, car il se veut une réaction rapide aux événements de l’été. Ils ne se fondent donc pas non plus sur les excès de mortalité réellement observés dans les Etats. En France, où le mercure a dépassé les 40 °C dans plusieurs villes, selon les premières estimations de Santé publique France, les deux vagues de chaleur ont causé au moins 760 morts. L’analyse de l’Imperial college, qui s’intéresse à tout l’été contre deux périodes d’une quinzaine de jours pour SPF, estime l’excès de mortalité dans l’hexagone à 2062 décès causés par les canicules. «Les vagues de chaleur sont des tueurs silencieux. La grande majorité des décès liés à la chaleur surviennent dans les maisons et les hôpitaux, où les personnes souffrant déjà de problèmes de santé sont poussées à leurs limites, mais la chaleur est rarement mentionnée sur les certificats de décès», renchérit Garyfallos Konstantinoudis, spécialiste des effets de la température sur la santé et un autre co-auteur de l’étude.

De fait, les conséquences sanitaires des vagues de chaleur, moins spectaculaires qu’une inondation ou un ouragan, ont «longtemps été sous-estimées en tant que risque pour la santé publique», poursuit Garyfallos Konstantinoudis, qui tient la chaleur pour «phénomène météorologique extrême le plus meurtrier». «Par exemple, même cet été en Europe, des personnes continuent de travailler à l’extérieur à des températures supérieures à 40 °C», pointe-t-il. Selon le rapport, 85 % des morts en excès dus à la chaleur se retrouvent chez la population âgée de plus de 65 ans. L’Europe n’est pas la seule concernée par le sujet. Une récente étude australienne a analysé 249 546 certificats de décès sur l’Ile-continent entre 2016 et 2019. Selon eux, 1 009 décès sur ces quatre ans sont attribuables à la chaleur.