Un traitement contre la schizophrénie, un antidiabétique ou encore le tramadol : six médicaments vont être immédiatement retirés du marché, a annoncé mercredi 3 juillet l’Agence du médicament. En cause : leur efficacité mal évaluée. L’ANSM a aussi décidé d’accorder un délai de deux ans à des dizaines d’autres traitements, puisqu’une «suspension immédiate de ces médicaments aurait créé une situation critique, en raison de leurs indications et du manque d’alternatives thérapeutiques disponibles».
Les six médicaments retirés par l’ANSM - qui demande aussi le rappel auprès des pharmaciens -, sont produits par les laboratoires Arrow et Almus, basés en France. Pour le premier, il s’agit de l’olanzapine, un traitement de la schizophrénie pour lequel trois conditionnements sont concernés -, et la névirapine, utilisé en cas d’infection au VIH. Pour le second, ce sont l’antidiabétique metformine et l’antidouleur tramadol. Ces retraits pourraient n’être que provisoires, si les fabricants fournissent des études satisfaisantes.
70 références concernées en France
Cette décision survient après une demande, fin mai, de la Commission européenne : elle a enjoint les Etats de l’UE de suspendre l’autorisation d’environ 400 médicaments génériques, jugeant que leur efficacité avait été mal évaluée par le sous-traitant indien Synapse. Mais ouvrait la possibilité d’un sursis de deux ans en cas de risques de pénuries. Environ 70 références étaient concernées en France. Une quarantaine, utilisés en cardiologie, cancérologie, en cas d’infection au VIH, a bénéficié de ce délai. Les fabricants d’une vingtaine d’autres ont déjà transmis de nouvelles études jugées satisfaisantes par l’ANSM.
Tous les traitements concernés sont des génériques, c’est-à-dire que leur substance active est tombée dans le domaine public : ils contiennent la même quantité de cette molécule de base que dans le médicament d’origine, mais leur taille, forme, couleur ou goût peut différer. Et leur fabrication n’est plus réservée au laboratoire propriétaire du brevet.
Pas de panique pour les patients qui auraient pris les médicaments retirés ou vont continuer de prendre ceux qui n’ont pas encore été suspendus : «Le risque nous apparaît absolument mesuré», a assuré le directeur général de l’Agence du médicament, Alexandre de la Volpilière. Le danger potentiel est surtout de disposer d’un traitement moins efficace que prévu, même si l’ANSM précise qu’à l’heure actuelle aucun problème de ce type n’a été identifié. Les traitements concernés par une suspension immédiate pourront d’ailleurs être conservés par les patients qui en auraient encore chez eux : le rappel ne concerne que les pharmacies.