La consommation de psychotropes dans le but de prolonger ou d’intensifier les rapports sexuels inquiète jusque sur les bancs de l’Assemblée. Ce mardi 28 mai, des députés de différents bords ont déposé une proposition de résolution inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. A l’initiative, la députée macroniste du Nord Brigitte Liso, qui dit avoir été alertée autour de ce phénomène «sur le terrain» par un manifestant lors d’une «Pride» à Lille il y a trois ans.
Signée par soixante-dix parlementaires du camp présidentiel, de gauche et du groupe indépendant Liot, sa proposition sans valeur contraignante, vise à inciter le gouvernement à agir. Elle devrait être mise au vote le 19 ou le 20 juin.
Essentiellement répandu dans les relations entre hommes, le chemsex est une pratique consistant à consommer des produits psychotropes pour intensifier les actes sexuels. Le chemsex a notamment été cité dans l’affaire de l’humoriste Pierre Palmade renvoyé lundi devant le tribunal pour blessures involontaires, pour le grave accident de la route qu’il a provoqué l’année dernière sous l’emprise de drogues. Toutefois, la députée Brigitte Liso «ne veut pas que ce soit un sujet “people”». «Le chemsex est un sujet de société bien plus profond», pointe-t-elle.
100 000 à 200 000 personnes concernées en France
A l’exécutif, la députée Renaissance réclame «un état des lieux épidémiologique précis» et de «sensibiliser et informer largement» sur le sujet. Pour cela, elle souhaite instaurer une offre de formation pour les professionnels de santé et les personnels judiciaires. Elle demande aussi une série d’actions de prévention, notamment dans «les lieux de fête», ainsi que dans les lycées, les universités ou les grandes écoles.
Reportage
«En France, on estime que le chemsex concernerait a minima 100 000 à 200 000 personnes», assure la parlementaire dans sa résolution, en s’appuyant notamment sur un rapport rédigé par le professeur addictologue Amine Benyamina, remis au ministère de la Santé en 2022. Un rapport qui l’a motivé à mobiliser les parlementaires sur le sujet. «La pratique du chemsex s’installe au sein de publics de plus en plus jeunes, venus de tous milieux et de tous les territoires», alerte-t-elle, en mentionnant des substances de «la famille des cathinones (3MMC, 4MEC…) et des méthamphétamines».