Ces derniers temps, Yorick s’est mis en tête de «trouver une occupation» dès que l’ennui le guette. Un conseil qu’il a retenu d’un récent échange avec une éducatrice spécialisée du dispositif Déclic, développé par l’Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie (ASSNC) pour accompagner les consommateurs de psychotropes de moins de 25 ans. Détourner son attention, rompre avec l’inaction qui l’entraîne si souvent vers le cannabis : le Calédonien de 18 ans s’efforce d’appliquer les recommandations. Sans grand succès, admet-il deux mois après avoir entamé son suivi. Sa consommation tourne autour de «dix joints par jour». Le premier, ce jeune Kanak l’a fumé il y a trois ans «avec les cousins de Saint-Louis», la tribu dont est originaire son père, à 20 km de Nouméa, la capitale de l’archipel du Pacifique. Puis le décès de sa mère a accéléré son accoutumance : «Je pensais beaucoup à elle, fumer me faisait un peu oublier.»
Un deuil déchirant qu’il a pu évoquer à Déclic. «On propose une approche individuelle à des jeunes qui sont dans l’expérimentation ou qui ont déjà des usages nocifs, avec des entretiens motivationnels pour les amener à cheminer dans leur réflexion, explique Emmanuel Rivet, psychologue et responsable du programme de prévention en addictologie à l’ASSNC. C’est un espace d’évaluation des consommations et d’accompagnement au changement. L’action visée peut être de diminuer, d’arrêter à des moments identifiés ou complètement.»