Menu
Libération
Epidémie

Chikungunya à la Réunion : la vaccination commence ce lundi, après le déclenchement du plan blanc

Les 40 000 doses du vaccin vont permettre à partir de lundi 7 avril de commencer les injections gratuites pour les personnes les plus fragiles. Deux personnes sont mortes de cette maladie transmise par le moustique tigre depuis août.
Dans le centre hospitalier universitaire de la Réunion, le 2 avril 2025. (Richard Bouhet/AFP)
publié le 7 avril 2025 à 11h56

Le début de la riposte face au virus. La campagne de vaccination pour faire face à l’épidémie de chikungunya est lancée lundi 7 avril à la Réunion, avec les 40 000 doses du vaccin arrivées sur l’île la semaine dernière. La population réunionnaise étant estimée à 896 200 habitants, ces injections seront en priorité destinées aux personnes âgées de 65 ans et plus, notamment celles présentant des comorbidités. Elles pourront se faire vacciner gratuitement, annonçait l’autorité régionale de santé (ARS) de la Réunion vendredi 4 avril.

Une manière de parer l’urgence, tandis que plus de 20 000 cas de cette maladie transmise par le moustique tigre ont été recensés depuis ce début d’année. «Les semaines les plus délicates se profilent, le pic est attendu mi-avril», assurait vendredi 4 avril matin sur France Info le ministre des Outre-mer, Manuel Valls.

Afin de bénéficier du vaccin, les publics concernés peuvent se rendre chez un médecin, auprès d’un infirmier ou encore d’un pharmacien d’officine sur prescription médicale. «L’objectif de la vaccination est de protéger les personnes fragiles à risque de développer des complications sévères liées au chikungunya, en l’absence d’immunisation antérieure (sont considérées comme immunisées les personnes ayant déjà été infectées par le chikungunya par le passé)», précise l’ARS locale.

Les prochains publics prioritaires n’ont pas encore été annoncés. Mais la Haute Autorité de santé a publié samedi 5 avril ses recommandations : il devrait s’agir des personnes âgées de 18 à 64 ans présentant des comorbidités ainsi que des soignants mobilisés dans le cadre de la lutte contre l’épidémie.

Près de 6 000 cas sur la dernière semaine

Déclenchée en août 2024, l’épidémie s’est brutalement accélérée ces dernières semaines, passant de quelques cas isolés depuis août 2024, à une présence généralisée dans les 24 communes de l’île. Et le nombre de cas ne cesse de croître : selon le dernier bilan sanitaire, publié le 2 avril, près de 6 000 nouveaux cas ont été enregistrés au cours de la semaine du 17 au 23 mars.

Parmi ces malades, deux personnes - âgées de 86 et 96 ans - sont officiellement mortes du virus. Plusieurs autres décès sont encore «en cours d’investigation» dans le but de déterminer leur lien avec le chikungunya, selon Santé publique France. L’ARS a par ailleurs recensé 31 cas graves, dont la moitié chez des nourrissons.

Face à la crise, le centre hospitalier universitaire de la Réunion - qui chapeaute les différents établissements de l’île - a activé vendredi le plan blanc, dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés dans les hôpitaux. Une décision prise «afin de faire face à une accélération significative» de la prise en charge de patients atteints de chikungunya et une «augmentation très importante» de l’activité des urgences sur ses deux sites, à Saint-Denis (nord) et Saint-Pierre (sud), a fait savoir le CHU. Avant d’alerter quant à une «saturation des capacités d’hospitalisation, malgré l’ouverture de lits supplémentaires», ainsi qu’une «tension croissante sur les ressources humaines, avec un taux d’absentéisme élevé» lié au virus.

«Financement exceptionnel» du vaccin

A Mayotte, l’épidémie progresse aussi. Douze cas ont désormais été enregistrés mais aucun n’a nécessité une hospitalisation, selon l’ARS locale. Elle avait détecté le premier cas le 5 mars, et le premier cas autochtone a été confirmé le 26 mars.

Le seul vaccin disponible est le vaccin Ixchiq de Valneva, qui a reçu une autorisation de mise sur le marché européen en juin 2024. Mais le groupe pharmaceutique franco-autrichien n’ayant pas fait auparavant de demande de remboursement par l’Assurance maladie, le coût du vaccin reste en principe sur les épaules du patient. Et son montant est de 250 euros environ. Mais pour «limiter les formes graves et l’impact sanitaire de l’épidémie, un financement exceptionnel» avait été promis par le ministère de la Santé début mars. Le gouvernement a ainsi rendu le vaccin gratuit pour les personnes à risque ciblées par cette première campagne de vaccination.

L’impact de la maladie à la Réunion reste pour l’instant loin de celui de l’épidémie de 2005-2006, qui avait touché 260 000 personnes - plus d’un tiers de la population - et fait plus de 200 morts.